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En première ligne face au Covid: l'intense contribution du service de santé des armées

Ce 14-Juillet leur rendra un hommage particulier: au pic de la pandémie et malgré des moyens limités, les personnels du service de santé des armées (SSA) étaient en première ligne pour soutenir un système de santé civil sous tension, sans jamais cesser de soigner les blessés de guerre.

Le médecin en chef militaire Mathieu a été "un des premiers à entrer dans le vif du sujet", raconte-t-il. Rompu aux évacuations sanitaires de soldats blessés, il a pris mi-mars la direction médicale des transferts aéroportés de malades du Covid-19, à bord d'appareils de l'armée de l'Air transformés en service de réanimation volant.

L'utilisation de ce dispositif "Morphée", destiné à l'origine au rapatriement de soldats blessés en opérations extérieures, était "une première sur le territoire national", souligne ce médecin réanimateur de l'hôpital militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine).

Le médecin en chef Mathieu a également participé à l'accueil massif de patients atteints du Covid-19 à Percy, qui a dû se réinventer en un temps record. "On a multiplié par deux nos capacités de réanimation" pendant la crise sanitaire, raconte-t-il, en évoquant "un effort considérable".

De mars à mi-juin, Percy a a accueilli près de 400 patients testés positifs au Covid-19, dont 122 en réanimation.

Au total, le SSA, qui représente 1% de l'offre de soins en France, a pris en charge 3% des patients atteints du virus en réanimation, dans ses 8 hôpitaux mais aussi au sein d'un service de réanimation sous tente (EMR), déployé à Mulhouse puis à Mayotte.

"On a dû totalement se réorganiser en très peu de temps", confirme Diane, ergothérapeute civile du SSA à Percy. Privés temporairement de leurs patients en rééducation, transférés vers les Invalides, les personnels de ce service -- orthophonistes, kinésithérapeutes, psychomotriciens -- se sont "tous portés volontaires pour prêter main forte dans l'hôpital", raconte la jeune femme de 26 ans.

Même solidarité du côté des médecins, raconte le médecin-chef Mathieu: "Des chirurgiens se sont proposés pour être aide-soignants" et "des anciens sont revenus à l'hôpital pour donner un coup de main".

- "Situation critique" -

En parallèle de cette intense mobilisation, "la mission première du SSA, le soutien aux forces en opérations, n'a jamais cessé", fait valoir le médecin-chef Mathieu. "Pendant le Covid, il y a eu des accrochages au Sahel, on est allés chercher plusieurs blessés de guerre".

Durant cette période, malgré les précautions sanitaires, certains soignants de Percy ont attrapé le virus. Mais les équipes ont gardé la tête froide.

"Le fait d'être soignant en première ligne, vous avez été formé pour ça. Psychologiquement, ça vous protège", souligne le médecin-réanimateur. "On avait déjà connu ça pendant les attentats du 13 novembre 2015. La société était sidérée. Mais quand on est dans l'action, on le vit mieux".

Aujourd'hui, le service de réanimation de Percy n'accueille plus aucun patient Covid. Mis en sommeil, les moyens déployés pendant la crise sont toutefois prêts à être remis en oeuvre en cas de deuxième vague, "pour ne pas qu'on se retrouve dans la même situation" qu'en mars, confie Diane.

Les personnels du SSA continuent néanmoins d'être très sollicités. "Un de mes collègues vient de partir pour la Guyane avec l'A400M" envoyé par l'armée pour permettre des évacuations de malades, "un autre est embarqué à bord du (porte-hélicoptère) Dixmude et un autre est parti à Gao", au Mali, explique le médecin en chef Mathieu.

"Pris en tenaille entre la diminution de ses moyens et l'augmentation de ses missions, le SSA est aujourd'hui dans une situation critique", préviennent dans un récent rapport les sénateurs Jean-Marie Bockel et Christine Prunaud. "Avec moins de 15.000 personnes et 1,4 milliard d'euros de budget, le SSA a perdu 1.600 postes en 5 ans et il manque au moins 100 médecins", alertent-ils.

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