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En Seine-Saint-Denis, des dispositifs pour vacciner "les plus vulnérables"

Parce qu'ils sont âgés, isolés, précaires, à la santé fragile ou dans l'incapacité de prendre un rendez-vous en ligne, "les plus vulnérables" peinent parfois à accéder à la vaccination contre le Covid-19, poussant la Seine-Saint-Denis à instaurer des dispositifs sur-mesure.

"On devait aller à Montreuil" où se trouve l'un des 17 centres de vaccination du département, mais il n'y avait "pas de place", glisse Mohamed Madjrour, 70 ans et qui souffre de problèmes de santé.

Après des appels infructueux, c'est finalement la Sécurité sociale qui a appelé cet habitant de Rosny-sous-Bois pour lui donner rendez-vous à Bobigny, dans le 18e et nouveau centre de vaccination ouvert la semaine dernière.

Il est dédié à un public précaire et éloigné de la vaccination à cause de facteurs multiples.

"Les plus fragiles, les plus précaires, les plus isolés, les plus vulnérables, c'est ceux-là qu'il faut aller chercher en priorité", a insisté jeudi sur RTL Stéphane Troussel, le président socialiste du conseil départemental.

Le lourd tribut payé lors de la première vague de l'épidémie plane encore sur le département d'1,6 million d'habitants, le plus pauvre de France métropolitaine. En novembre, une étude universitaire a d'ailleurs conclu que la surmortalité due au Covid-19 affectait particulièrement les personnes âgées défavorisées, issues des quartiers populaires.

Alors "dans ce département, on ne peut pas juste se contenter d'ouvrir des centres", relève Aurélien Rousseau. Le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France souligne que des dispositifs spécifiques sont nécessaires pour "aller chercher" ce public.

Dans une pièce du centre de Bobigny, six conseillères enchaînent les coups de fil. "Bonjour, je suis conseillère à la CPAM, est-ce que vous seriez intéressé pour vous faire vacciner ?", répètent-elles, téléphone vissé à l'oreille.

Parmi les motifs de refus, certains disent rencontrer des difficultés de transport pour se rendre sur place.

Des municipalités tentent de répondre à ce problème: Clichy-sous-Bois a ainsi affrété plusieurs bus, tandis que Bondy a envoyé des voitures au domicile de ses habitants pour les conduire à leur rendez-vous.

Sans ce système, "j'aurais laissé tomber, ou mon fils m'aurait peut-être emmenée mais il est enseignant donc c'est compliqué avec les horaires", confie Jacqueline, une résidente de Bondy de 78 ans et diabétique, qui vient de recevoir sa première injection du vaccin Pfizer/BioNTech.

- Bus itinérant -

Pour Nicola Lotito, 75 ans, la perspective de la piqûre tant attendue se rapproche enfin.

"Ça fait au moins trois semaines que je téléphone, c'est un répondeur, c'est même pas la peine", se désespérait cet habitant d'Aubervilliers avant d'obtenir son sésame.

Il vient de décrocher un rendez-vous en se rendant à l'arrêt d'un camion itinérant affrété par le conseil départemental.

Ce "bus de sensibilisation à la vaccination Covid" incarne une autre initiative visant à raccrocher au train de la campagne vaccinale les personnes qui en sont écartées.

Garé devant la mairie, le véhicule a déployé un barnum et une équipe d'une dizaine de personnes - professionnels, habitants volontaires et étudiants - répond aux passants. Une secrétaire médicale s'occupe d'inscrire les volontaires dans le centre de Bobigny.

"Ce qu'on constate avec les personnes très âgées, c'est qu'il y a celles qui vont être accompagnées par les enfants ou leurs proches, qui vont prendre vraiment à leur charge toutes ces démarches, et celles qui sont un peu laissées seules", et pour qui l'accès à la vaccination s'avère alors "très compliqué", témoigne Laurie Piquer, la responsable du bus itinérant.

Malgré ces dispositifs, Stéphane Troussel a pesté jeudi contre des "Parisiens" qui, à cause de la raréfaction de vaccins et à la faveur des plateformes numériques, viennent se faire vacciner dans le département, trustant "parfois 35%" des rendez-vous dans certains centres.

Le préfet de la Seine-Saint-Denis a récemment balayé cette polémique, estimant qu'"un système doit être mixte", via internet ou de façon plus classique, afin qu'un maximum d'habitants accèdent aux vaccins.

En Seine-Saint-Denis, 23% des plus de 75 ans ou présentant des comorbidités ont été vaccinés à ce jour, selon les dernières données de l'ARS d'Ile-de-France.

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