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En unité gériatrique, le vaccin contre le Covid-19 rime avec espoir

"Pour sortir sans danger", "voir du monde", "tourner la page": dans l'unité gériatrique de l'hôpital Vaugirard à Paris, personnes âgées et soignants commencent à se faire vacciner contre le Covid-19, "aujourd'hui seule porte de sortie" de l’épidémie.

"J'espère que je vais pouvoir revoir du monde. C'est triste de ne voir personne", explique à l'AFP une patiente octogénaire qui attend avec impatience le retour des visites de l'association Les petits frères des pauvres, stoppées net par l’épidémie.

Allongée sur son lit, entourée de photos de Johnny Hallyday encadrées sur les murs, elle a été la première vaccinée des 112 patients de l'unité de soins de longue durée (USLD) de cet établissement de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Elle se dit "costaud, avec encore toutes ses dents" mais trouve que "c'est triste la vieillesse, avec ce drôle de Noël sans personne".

Aiguille à peine sortie du bras, une autre patiente rêve de pouvoir "sortir dehors sans que cela soit un danger". Quatre-vingt neuf ans depuis hier, cheveux gris et bracelet de perles au poignet, elle est "contente de l'avoir fait, pour se protéger et protéger les autres".

Dans les couloirs de l'USLD, structure d'hébergement et de soins dédiée aux personnes de plus de 60 ans adossée à l'établissement hospitalier, des patients, souvent très diminués, déambulent. Au milieu de la rotonde encore décorée de guirlandes de Noël, d'autres terminent en silence une compote, un verre d'eau.

"On souhaite avoir vacciné tous les patients volontaires d'ici la fin de la semaine prochaine", explique le Dr Galdric Orvoën, gériatre et chef de service, espérant ainsi "éviter de nouveaux clusters".

La campagne de vaccination en France a débuté le 27 décembre pour les résidents d'établissements pour personnes âgées (qui représentent un tiers des décès) et leurs soignants. Le démarrage très lent de cette première phase a valu au gouvernement des critiques nourries et elle a maintenant a été élargie à tous les professionnels de santé ou personnes travaillant à l'hôpital d'au moins 50 ans ou présentant des facteurs de risque, aux pompiers et aides à domicile de plus de 50 ans.

- "on ne sent rien !" -

Le Dr Orvoën vient justement d'ouvrir le bal de la vaccination côté personnel. "L'enjeu est énorme. On a tous envie de sortir de cette situation et, aujourd'hui, la seule porte de sortie qu'on a, c'est le vaccin". "Soit il y a une vaccination massive et on sort de cette pandémie, soit dans 6 mois, dans un an, on est exactement au même point", ajoute-t-il.

Dans une petite pièce dédiée, un tabouret, deux fauteuils pour la surveillance post-piqûre et un panier de bonbons. Galdric Orvoën et deux cadres de santé s'y succèdent, unanimes: "on ne sent rien du tout !".

"J'ai déjà eu le Covid et je ne tiens pas à l'avoir à nouveau. Pour le travail et pour la maison", avoue l'une d'elles, Catherine Lepain. "Le vaccin, fallait le faire, je savais que je le ferais", enchaîne sa collègue Catherine Belin.

"Mais tant qu'on ne sera pas beaucoup a être vaccinés, ça ne changera pas grand-chose". "On ne pourra tourner la page qu'à cette condition", poursuit-elle.

Dans les étages, Geneviève, 97 ans, semble loin de ces enjeux de santé publique et se dit contente d'avoir reçu l'injection: "la dame était très gentille, très douce, j'ai pas eu mal une seule seconde".

"Il faut arrêter de discuter, de se faire des noeuds au cerveau et vacciner tout le monde !", exhorte sa fille, disant souffrir des alternances "hôpital fermé/hôpital ouvert" qui entravent sa présence auprès de sa mère.

Pour faire face à de nouvelles contaminations, la structure a dû à nouveau interrompre les visites pendant les fêtes de fin d'année.

"Si on a un bon impact sur la vaccination des patients et un bon taux de vaccination chez les soignants, on espère pouvoir revenir à des jours meilleurs, à des jours anciens", juge Galdric Orvoën.

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