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Et si médecins et enseignants confondaient immaturité et trouble de l'attention?

Les enfants les plus jeunes de leur classe sont plus susceptibles d'être diagnostiqués d'un trouble de l'attention, avec ou sans hyperactivité (TDA/H), que les plus âgés de la classe, selon une étude américaine qui devrait alimenter le débat sur les surdiagnostics.

Le sujet est brûlant aux Etats-Unis, où 5% des enfants de 2 à 17 ans prenaient des médicaments contre le TDA/H en 2016. Les plus petits sont de plus en plus concernés: le taux de diagnostics entre 2 et 5 ans a augmenté de moitié entre 2007 et 2012.

L'étude, publiée dans le New England Journal of Medicine, est importante par sa taille (400.000 enfants de 4 à 7 ans) et ingénieuse par la méthode.

Les chercheurs ont comparé les enfants nés au mois d'août et ceux nés en septembre, dans les les Etats américains qui ont une date butoir stricte et exigent que les enfants aient 5 ans au 1er septembre pour qu'ils entrent à l'école cette année-là.

Dans ces Etats, les enfants nés en août sont systématiquement les plus jeunes de leur classe. Ceux nés en septembre sont les plus âgés.

En épluchant les données relatives à plus de 400.000 enfants nés entre 2007 et 2009, ils se sont aperçus que les enfants nés en août (les plus jeunes d'une classe) étaient 34% plus nombreux à avoir un diagnostic de trouble de l'attention, par rapport à ceux nés en septembre.

Dans les Etats sans date butoir, la différence s'évanouit.

"Le quart des enfants nés en août et qui ont un diagnostic de trouble de l'attention n'auraient pas reçu ce diagnostic s'ils étaient nés en septembre", dit à l'AFP le coauteur Anupam Jena, professeur à l'école de médecine d'Harvard.

Cela signifie soit que les plus jeunes sont surdiagnostiqués, soit que les plus âgés sont sous-diagnostiqués. Mais le médecin penche pour la première option.

Les enseignants sont souvent les premiers à signaler un trouble de l'attention. Or les enfants les plus jeunes peuvent exprimer des symptômes similaires aux troubles de l'attention --manque de concentration, distraction...-- qui seraient tout simplement dus... à leur immaturité.

Il n'existe pas de test objectif absolu de TDA/H. Le diagnostic est fondé sur une évaluation subjective, où l'avis des enseignants pèse.

Ces travaux renforcent des études aux résultats similaires aux Etats-Unis et dans d'autres pays.

Les enseignants sont donc appelés à la prudence et à la patience par les auteurs de l'étude. Et en cas de doute, "un médecin devrait attendre cinq ou six mois afin de laisser l'enfant mûrir un peu avant de commencer un traitement", dit Anupam Jena.

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