Accueil Actu

La fin des animaux sauvages dans les cirques à Paris, une décision qui divise

Lions, éléphants, singes... La Ville de Paris s'engage à ne plus donner "aucune autorisation" d'installation dès 2020 aux cirques qui présenteront des spectacles avec animaux sauvages, une décision qui ravit les défenseurs des animaux mais pas certains circassiens, "prêts à riposter".

"Nous ne donnerons plus aucune autorisation d'utilisation du domaine public à tout cirque présentant des spectacles avec animaux sauvages", prévient Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris chargée de la nature en ville.

Cette décision, qui doit être entérinée vendredi soir au Conseil de Paris, s'accompagnera d'une aide d'"environ 50.000 euros sur trois ans" à chaque cirque signataire en vue d'une reconversion, selon l'élue.

"Il était temps!", lance à l'AFP Amandine Sanvisens, présidente de l'association Paris Animaux Zoopolis (Paz).

Un groupe de travail avait été lancé en avril par le ministère sur le bien-être des animaux dans les cirques, les zoos ou les delphinariums. Dimanche, Mme Borne a promis "des annonces fortes dans les prochaines semaines".

- Cirque d'Hiver pas concerné -

Pour la Fondation Brigitte Bardot, la mort de la tigresse Mévy, échappée d'un cirque en novembre 2017 et abattue en pleine rue parisienne, avait donné raison aux associations de protection animale et accéléré la réflexion de la mairie.

Un débat aussi entretenu par la mort mardi de l'ours Mischa, très malade et pourtant utilisé dans des spectacles itinérants.

Cette mesure, selon Mme Komitès, ne s'appliquera pas pour l'heure aux "cirques Bouglione ou Gruss (qui) n'ont pas voulu s'inscrire dans cette démarche à ce stade". Le premier étant propriétaire de son domaine, le Cirque d'Hiver, ne peut se voir imposer en l'état cette interdiction. Quant au second, il devra "signer la convention d'interdiction en 2020" pour renouveler son autorisation d'occupation de terrain, ajoute l'élue.

Les cirques Bormann, à qui appartenait la tigresse Mévy, et Pinder ont renoncé à ces spectacles.

"Les extrémistes commencent avec les fauves puis ce sera au tour des chevaux. Ils ne veulent plus aucun animal dans les cirques!", s'indigne le dompteur Georges Kobann du cirque Arlette Gruss, qui se dit "prêt à riposter" si la mairie refuse de renouveler sa convention.

William Kerwich du Cirque Royal voit dans cette décision "un enjeu politique". "On ne doit pas enlever une tradition pour avoir des voix aux prochaines élections municipales", s'insurge le directeur d'un des quelque 200 cirques itinérants de France, à la tête d'une cinquantaine d'animaux : hippopotames, dromadaires ou perroquets.

- "1.200 animaux sauvages" -

"Enlever les animaux, c'est comme enlever les clowns. Après il ne restera plus que des spectacles comme le Cirque du Soleil pour les intellos et les ados", dit-il. Et de souligner le succès des "300 parcs animaliers, dont certains doivent leur réussite aux spectacles des animaux".

"Que fera-t-on des animaux, on va les vendre au marché noir asiatique ?" s'interroge encore William Kerwich.

"La mairie de Paris devrait faire de vraies propositions pour une reconversion dans le temps. J'ai 54 ans et je ne vais pas faire clown", s'inquiète le dompteur. Il y aurait près de "1.200 animaux sauvages" dans les cirques en France, selon lui.

Quant aux villes qui se sont engagées dans des voeux et arrêtés municipaux à ne plus accueillir les cirques itinérants avec animaux sauvages, "elles sont près de 400", selon Mme Sanvisens et "une trentaine", selon M. Kerwich.

Les défenseurs des animaux peuvent compter sur le soutien des Français, qui globalement fréquentent peu le cirque (10% ces deux dernières années) et s'opposent pour les deux tiers à la présence d'animaux sauvages, selon une enquête Opinion Way réalisée début octobre.

A fin 2018, une quarantaine de pays dans le monde, dont 28 en Europe, avaient proscrit partiellement ou totalement les cirques avec ménagerie.

À lire aussi

Sélectionné pour vous