Accueil Actu

Le carnaval, probable bombe à coronavirus de La Nouvelle-Orléans

Après les mariages et les matches de football, le célèbre carnaval du Mardi Gras à La Nouvelle-Orléans était pointé du doigt jeudi comme l'accélérateur de la propagation du Covid-19 en Louisiane, où le taux d'infection bat des records.

L'Etat du sud des Etats-Unis a enregistré 2.305 cas officiellement déclarés de la maladie, qui a fait 83 morts, dont environ la moitié dans la plus grande ville de l'Etat (997 cas et 46 décès), selon des chiffres officiels publiés jeudi.

"La région de La Nouvelle-Orléans est une sorte d'épicentre du coronavirus dans l'Etat", a dit sur CNN le responsable local du ministère de la Sécurité intérieure, Collin Arnold.

L'augmentation fulgurante des cas de contamination qui inquiètent les autorités et les ont poussé à déclarer la ville en confinement.

L'Etat est passé de 0 à plus de mille cas en deux semaines, plus vite que n'importe où dans le monde, selon une étude de l'Université de Louisiane.

A La Nouvelle-Orléans, depuis le premier cas déclaré le 9 mars, il a fallu sept jours pour atteindre la centaine, puis seulement quatre pour arriver à 300 cas, a calculé le centre d'études indépendant Data Center.

"Comparé à d'autres comtés dans le pays, nous avons l'un des taux d'infection les plus hauts, nous sommes juste derrière plusieurs comtés de la ville de New York", a souligné mercredi la directrice des services de santé de la ville, Jennifer Avegno.

Et pour certains experts, c'est la saison du carnaval, qui a culminé avec Mardi Gras le 25 février, et ses centaines de milliers de participants, qui a tout déclenché.

"Mardi Gras a été le moment clé pour la propagation du virus" dont la période d'incubation va jusqu'à deux semaines, a affirmé Rebekah Gee, ancienne responsable de la santé de Louisiane, mardi sur MSNBC. "Nous savons désormais que des gens qui sont venus (à La Nouvelle-Orléans) ont propagé le virus ailleurs, donc nous avons des preuves que le virus était présent à ce moment-là".

- Colliers et Covid-19 -

"Les gens venus du monde entier étaient dans les cortèges, dans les fêtes. Malheureusement, ils ont partagé des colliers, des boissons et ils ne jetaient pas que des colliers mais aussi le Covid-19", a souligné le Dr. Gee, en référence à la tradition carnavalesque du jet de collier de perles en plastique.

"C'est clairement un problème qui a probablement entraîné ce que nous voyons à La Nouvelle-Orléans", a admis jeudi Collin Arnold.

Pour le gouverneur de Louisiane John Bel Edwards, les participants du Mardi Gras "ont en quelque sorte planté le virus" autour de la ville.

A la veille du carnaval, le pays n'était pas encore en état d'alerte, le président Donald Trump tweetant même que le coronavirus était "sous contrôle" aux Etats-Unis.

Pour freiner l'épidémie, le gouverneur Edwards a ordonné le confinement des 4,6 millions d'habitants de l'Etat depuis lundi soir.

Les 400.000 habitants de La Nouvelle-Orléans doivent eux rester à la maison depuis vendredi dernier, sur ordre de la mairie. Tous les rassemblements publics sont interdits dans le "Big Easy", la police a fermé Bourbon Street et les magasins doivent limiter leurs opérations.

Les forces de l'ordre "vont appliquer les règles de façon agressive", a mis en garde jeudi la maire de la ville, LaToya Cantrell, qui a ordonné un dépistage massif de la population.

Mais "c'est un marathon, pas un sprint. Nous ne verrons pas les effets du confinement avant une semaine, ou plus", a mis en garde Jennifer Avegno. La directrice des services de santé s'inquiète surtout d'une prochaine surcharge des capacités d'accueil des hôpitaux alors que le nombre de malades continuent d'augmenter.

Pour la maire LaToya Cantrell, le 7 avril "sera un seuil, à cette date nos hôpitaux seront saturés" alors que les services sanitaires manquent de matériel médical et d'équipements de protection.

Autre inquiétude, la banque alimentaire de la ville va manquer de produits d'ici la fin de la semaine, a souligné Collin Arnold.

Drew Brees, le quarterback des Saints, l'équipe locale de football américain, a fait don jeudi de 5 millions de dollars aux associations qui fournissent des repas aux plus pauvres.

cl-cyj/cjc

À lire aussi

Sélectionné pour vous