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Coronavirus: la France passe la barre des 1.000 morts, vers un confinement prolongé

La France se prépare à un confinement prolongé de plusieurs semaines pour interrompre la circulation du coronavirus qui opère une lourde ponction sur les malades, avec plus de 1.000 décès enregistrés et une forte mortalité dans les Ehpad.

Selon le bilan des autorités sanitaires mardi soir, 1.100 décès (+240 en 24 heures) ont été enregistrés à l'hôpital depuis le début de l’épidémie de Covid-19 et 2.516 patients étaient mardi soir en réanimation (+434) sur un total de 10.176 patients hospitalisés.

Et encore, les décès en milieu hospitalier "ne représentent qu'une faible part de la mortalité" dans le pays, a relevé le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, citant l'autre lieu de forte mortalité que sont les Ehpad. Un "suivi quotidien de la mortalité" dans ces établissements pour personnes âgées va d'ailleurs être instauré.

Le comité scientifique préconise la prolongation sur une durée totale de six semaines - jusqu'au 28 avril - du confinement initialement prévu pour deux semaines minimum.

Il ne s'agit encore que d'une "estimation parmi d'autres", a commenté le ministre de la Santé Olivier Véran, sans préciser si le gouvernement allait s'y rallier - ce qui est généralement le cas a-t-il convenu.

- "nous le ferons" -

"Quand la circulation du virus sera contrôlée, alors la levée du confinement pourra être abordée", a déclaré Olivier Véran. "S'il est possible de le lever plus tôt, nous le ferons évidemment".

Alors que la France a entamé sa deuxième semaine, le bilan est particulièrement cruel dans les maisons de retraite: 16 décès dans un établissement de Saint-Dizier (Haute-Marne), sept dans un Ehpad en Haute-Savoie, 20 dans un autre dans les Vosges.

Dans l'Est, la mobilisation s'accentue pour soulager les hôpitaux: un premier malade a été admis dans l'hôpital de campagne de l'armée à Mulhouse et une trentaine d'autres seront évacués mercredi par TGV pour soulager l'Alsace, la région la plus frappée par le coronavirus.

Ce "TGV médicalisé", une première en Europe, sera mobilisé pour la première fois pour transférer des patients depuis Strasbourg et Mulhouse vers des régions moins touchées par l'épidémie, a annoncé Olivier Véran devant les députés.

Emmanuel Macron se rendra mercredi à l'hôpital de campagne de l'armée à Mulhouse "pour rendre hommage au personnel soignant" et "témoigner sa solidarité envers la région Grand Est, fortement éprouvée" par la crise du coronavirus.

- 1 km, 1 heure -

Parmi les décès de plus en plus nombreux , celui du saxophoniste et star de l'afro-jazz Manu Dibango, mort en région parisienne a semé la tristesse dans le monde de la musique.

"Beaucoup de nos concitoyens aimeraient retrouver le temps d'avant, (...) mais il n'est pas pour demain", a prévenu lundi soir Édouard Philippe en annonçant un durcissement des mesures de confinement: "Sortir pour promener ses enfants ou faire du sport, c'est dans un rayon de 1 km de chez soi, maximum pour une heure, tout seul et une fois par jour", a-t-il notamment précisé.

Des dizaines de milliers d'infractions ont été constatées et les sanctions ont été durcies pour ceux ne respectant pas ces consignes. Les 135 euros d'amende forfaitaire passent à 1.500 euros en cas de récidive "dans les 15 jours" et pourront monter jusqu'à "3.700 euros d'amende et six mois de prison".

"Je pense comme de nombreux collègues que ça ne suffit pas", a lancé la cheffe du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, Karine Lacombe, mardi sur France Inter. Il faut selon elle "passer à une échelle supérieure de confinement. Tant qu'on n'aura pas de mesures coercitives, on aura du mal à faire intégrer à la population que le confinement est essentiel".

Les maires de plus d'une trentaine de villes ont par ailleurs mis en place un couvre-feu, comme Nice, Mulhouse ou Perpignan.

Plusieurs centaines de migrants qui vivaient dans un campement insalubre de la banlieue parisienne, à Aubervilliers, ont été mis à l'abri mardi matin dans des hôtels et des gymnases.

Des dizaines de youtubeurs ont appelé leurs fans à respecter le confinement, dans une vidéo baptisée #RestezChezVous.

- Aider les médecins -

"Fantassins" de première ligne dans la guerre contre l'épidémie, cinq médecins sont décédés des suites d'une contamination au coronavirus, dont quatre dans l'Est, après la mort d'un urgentiste de l'Oise.

De nombreuses initiatives ont fleuri pour aider les soignants comme les dons de masques de particuliers ou d'entreprises. Ils sont actuellement contingentés à 18 par semaine par praticien et infirmière libérale - nettement insuffisant pour le syndicat des généralistes MG France.

Des centaines d'hôtels privés d'activité vont par ailleurs accueillir des personnels soignants avec l'aide financière de l’État et les particuliers sont invités à leur proposer gratuitement des logements sur les plates-formes de location comme Airbnb.

Alors que peu d'experts se risquent à pronostiquer la date du "pic", un essai clinique européen a démarré dimanche dans au moins sept pays pour tester quatre traitements expérimentaux.

- Nouveau comité -

A ce stade, la chloroquine, l'un des traitements testés qui fait débat, pourra être administrée aux malades souffrant de "formes graves" du coronavirus, mais pas pour des formes "moins sévères", a statué lundi le Haut conseil de santé publique.

Emmanuel Macron a installé mardi après-midi un nouveau Comité d'analyse, recherche et expertise (Care), qui réunit 12 chercheurs et médecins, pour conseiller le gouvernement sur les traitements et les tests contre le coronavirus.

La Bourse de Paris a relevé la tête mardi (+8,39%) après le plan de relance annoncé lundi par la Réserve fédérale américaine (Fed). Mais des géants du CAC 40 comme Total ou Vinci ont prévenu qu'ils ne parviendront pas à respecter leurs objectifs pour 2020.

Selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, sur franceinfo, le recours au chômage partiel concerne déjà 730.000 salariés "après seulement quelques jours" du nouveau dispositif mis en place pour un coût de 2,2 milliards d'euros.

Le gouvernement a établi une "liste" d'entreprises industrielles qui auront certainement besoin d'un soutien financier majeur de l'Etat, par exemple via une nationalisation.

Le ministre de l'Agriculture a appelé de son côté ceux qui "n'ont plus d'activité" en raison de la crise du coronavirus, "à rejoindre la grande armée de l'agriculture française", en quête de main-d’œuvre.

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