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Le Giec, autorité scientifique internationale sur le climat

Prix Nobel de la Paix 2007, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), auteur d'un nouveau rapport attendu le 8 octobre, a joué un rôle-clé dans la prise de conscience de l'ampleur du changement climatique.

Créé par l'ONU il y a juste 30 ans (novembre 1988), il dresse une synthèse régulière des connaissances scientifiques, travaux qui ont établi le rôle des activités humaines dans les dérèglements et conduit à faire avancer les négociations mondiales pour limiter les gaz à effet de serre.

Cas unique

Le Giec a à Genève une équipe permanente d'une dizaine de personnes, mais son fonctionnement repose sur les contributions bénévoles de milliers de climatologues, spécialistes de l'atmosphère, océanographes, mais aussi d'économistes, experts du développement etc.

Ses rapports exposent les options possibles aux décideurs politiques.

"Nous n'avons pas un parti pris, on n'essaie pas de parlementer dans une direction ou une autre", souligne son porte-parole Jonathan Lynn. "C'est une organisation unique, qui rassemble la communauté politique et la communauté scientifique", puisque les 195 Etats de la convention climat de l'ONU sont appelés à approuver les conclusions des scientifiques.

Les rapports, basés sur les études existantes et rédigés par plusieurs équipes d'auteurs, font l'objet de versions préliminaires successives, soumises à examen et commentaires des chercheurs ou des experts des gouvernements.

Le rapport sur le réchauffement d'1,5°C présenté cette semaine, rédigé sur la base de 6.000 études par 86 auteurs de 39 pays, a fait, avec son résumé, l'objet de 42.000 observations.

A la fin, une session plénière est consacrée à l'approbation par les Etats du "résumé pour les décideurs", rédigé par les scientifiques pour éclairer les choix des gouvernements.

Histoire intense, et chahutée

De rapport en rapport, le Giec a contribué à donner l'alerte. La prise de conscience n'a cependant pas été sans à-coup, sur fond aussi d'assauts climatosceptiques.

Plusieurs épisodes ont secoué l'institution. En 2007, c'est une erreur sur la fonte des glaciers himalayens dans le 4e rapport. Fin 2009, un piratage de mails entre chercheurs laisse penser que des données contredisant le réchauffement ont été masquées, avant que le Giec soit blanchi par une enquête indépendante.

Aujourd'hui, l'organisation travaille à sa 6e évaluation des connaissances, pour 2022. En 2019, trois rapports traiteront de la situation des glaces et des océans, et de l'usage des sols.

Car le réchauffement reste un vaste sujet de recherche: quelle élévation des mers anticiper? Quels points de non-retour (fonte des calottes polaires, dépérissement des forêts...)?

"Le Giec et la communauté scientifique sont dans un cycle (de travail) herculéen!", dit la climatologue Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe 1 (chargé d'étudier les principes physiques du climat).

"Un effort est fait pour aller vers plus de clarté, moins de jargon", dit-elle. "On veut que les résumés soient pertinents aussi pour les citoyens."

Budget toujours incertain

Jusqu'à l'élection de Donald Trump, les Etats-Unis contribuaient largement à financer le Giec, avec 2 M USD annuels (sur un budget total moyen d'environ 5 M). Depuis 2017, ce manque a été compensé par d'autres pays, comme la Norvège, la France.

Le financement du Giec, assuré par les Etats, se fait sur le principe du volontariat, souvent d'une année sur l'autre.

Bien avant la décision américaine de ne plus contribuer au financement du Giec, "nous avions remarqué que les revenus n'étaient pas suffisants", explique Jonathan Lynn.

"Après un travail de mobilisation intensive auprès des gouvernements, la situation s'est stabilisée: des pays ont promis des contributions multi-annuelles, certains l'ont même doublée, la crise est donc un peu passée. Mais c'est toujours un peu précaire".

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