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Le préfet des Pays de la Loire convoqué par Castaner après des propos critiques sur la PMA

Christophe Castaner a convoqué mercredi matin le préfet des Pays de la Loire pour le rappeler à "ses obligations" après des propos critiques sur l'ouverture de la PMA à toutes les femmes, mesure phare du projet de loi bioéthique, a-t-on appris dans l'entourage du ministre de l'Intérieur.

"Le ministre a convoqué ce matin le préfet d'Harcourt au ministère de l'Intérieur pour entendre ses explications et lui rappeler ses obligations", a déclaré à l'AFP un proche du ministre.

Selon le site d'investigation en ligne Médiacités, le préfet de région Claude d'Harcourt a publiquement exprimé des réserves sur le projet de loi lundi soir lors de ses vœux au monde économique et aux forces vives des Pays de la Loire.

"Le projet de loi bioéthique porte une rupture anthropologique majeure", a déclaré M. d'Harcourt cité par Médiacités.

"À titre personnel, je ne suis pas sûr que cette loi favorise les repères auxquels aspirent nos concitoyens", aurait-il ajouté toujours selon le site d'investigation nantais.

Selon une source proche du dossier, le préfet a reconnu avoir tenu de tels propos lors de son entretien, mercredi matin, avec le ministre de l'Intérieur.

M. Castaner y a vu une "faute" et a demandé au préfet d'Harcourt de réagir dans la journée, a complété cette source.

Le préfet a reconnu, mercredi après-midi dans un communiqué de la préfecture, une expression "inadéquate".

"S’agissant du projet de loi bioéthique, il reconnait que son expression, même s’il a pris soin de préciser qu’il s'agissait de son opinion personnelle, dès lors qu’elle était publique, était inadéquate", est-il écrit dans ce communiqué.

Le préfet s'explique aussi sur "les termes de lassitude et d’impuissance" qu’il a par ailleurs employés lors de ce discours et qui "ne s’appliquaient pas à l'action publique elle-même, mais au sentiment éprouvé par une partie des forces vives locales après une année 2019 difficile, notamment sur le plan de l'ordre public".

"Il a eu ce matin l’occasion de fournir ces explications au ministre de l’Intérieur, qui lui a rappelé ses obligations", ajoute la préfecture dans ce communiqué.

Michelle Meunier, porte-parole du groupe socialiste au Sénat, a exprimé mercredi "son indignation" après les propos du préfet qui "est sorti de son droit de réserve" selon elle. "Clairement un agent de l'Etat se doit de respecter son droit de réserve", a-t-elle ajouté.

"Il a tout à fait le droit d'avoir sa conception, mais lorsqu'il exerce une mission officielle, il se doit de représenter le gouvernement. Il ne peut pas dire le contraire de ce que disent Nicole Belloubet ou Agnès Buzyn dans le même temps devant le Sénat", a renchéri Jean-Pierre Sueur, sénateur PS.

Le Sénat, à majorité de droite, a entamé mardi l'examen du projet de loi bioéthique dont la mesure emblématique est l'ouverture de la PMA à toutes les femmes. Celle-ci a franchi une étape supplémentaire mardi soir à la Haute Assemblée avec le rejet de plusieurs amendements qui entendaient la supprimer du texte.

Le préfet Claude d'Harcourt avait précédemment été mis en cause pour sa gestion du maintien de l'ordre lors de la dernière Fête de la musique à Nantes, lors de laquelle Steve Maia Caniço, 24 ans, s'était noyé dans la Loire en marge d'une intervention policière controversée, au bord d'un quai.

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