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Les messes reprennent dimanche, avec la jauge contestée de 30 personnes

Les catholiques s'apprêtent à reprendre le chemin de la messe pour le premier week-end de l'Avent mais avec une limite de 30 personnes par église, une mesure que les évêques contestent sur le plan du droit devant le Conseil d'Etat et sur le terrain, certains appelant à ne pas laisser de fidèles "à la porte".

Bis repetita. Le décret du gouvernement sur les mesures d'allègement du confinement qui entrent en vigueur samedi n'est pas encore publié que l'épiscopat le conteste.

Il a saisi vendredi matin le Conseil d'Etat en déposant un recours contre la limitation à 30 du nombre de fidèles lors des offices religieux. Hormis pour les funérailles, ces derniers ont été suspendus pendant près de quatre semaines en raison du confinement mais sont à nouveau autorisés à partir de samedi.

L'épiscopat, qui plaide pour une jauge fixée en fonction de la taille des édifices, attendait jeudi une rectification du Premier ministre qui n'est pas venue.

D'où ce deuxième recours devant la plus haute juridiction administrative, qui devrait être suivi d'autres, déposés à titre individuel, comme celui de l'archevêque de Paris Michel Aupetit. Début novembre, la CEF avait déjà saisi le Conseil d'Etat, réclamant la suspension de l'interdiction des messes; une requête rejetée le 7 novembre.

Parallèlement, les représentants de la CEF ont "rendez-vous dimanche à 18H00" avec Jean Castex, espérant "un vrai moment de concertation".

Jeudi, le Premier ministre a évoqué une "évolution possible", mais seulement "en fonction de la situation sanitaire et de l'échéance du 15 décembre".

- "Ne comptez-pas" -

Sur le terrain, l'incompréhension, les interrogations voire la défiance s'expriment.

L’Eglise "ne fait pas le tri"; c'est "inapplicable", "absurde", "un contre-sens" commentent ainsi différents évêques et prêtres depuis jeudi, dans des communiqués ou sur les réseaux sociaux.

La jauge de 30 personnes s'avère particulièrement difficile à respecter dans les grandes villes, estiment-ils. Avec "une population dense" et "des paroisses qui accueillent chaque week-end plusieurs centaines de personnes", à Paris, la décision "imposerait de multiplier le nombre de messes à un rythme insoutenable (...) sans pouvoir (...) accueillir au final tout le monde", écrit dans un communiqué l'archevêque Michel Aupetit.

Il demande ainsi aux prêtres de son diocèse de veiller "à limiter le remplissage de son église sans pour autant laisser qui que ce soit à la porte".

A Versailles, l'évêque Eric Aumonier dit "faire confiance aux curés pour apprécier la situation de leur paroisse", les appelant à respecter "4m² par personne" et un remplissage "d'un tiers de la capacité habituelle d’accueil des églises".

L'évêque de Perpignan Norbert Turini, dans une lettre adressée aux curés des Pyrénées-Orientales et rendue publique, leur demande "de ne pas s’ériger en +comptables+ de leurs assemblées dominicales et donc de ne pas rejeter (...) la 31e personne et les suivantes qui se présenteraient".

"J’en prends l’entière responsabilité et si cela s’avère nécessaire j’en répondrai personnellement devant les pouvoirs publics", ajoute-t-il.

"Beaucoup d'évêques ont dit à leurs prêtres +puisque ce n'est pas possible, ne comptez pas+. Certains évêques ont prévenu les préfets qu'ils agiront de la sorte", confirme-t-on à la CEF.

"Nous se sommes pas au-dessus des lois et allons essayer de composer avec ces directives", assure, plus mesuré, Pierre-Yves Michel, évêque de Valence.

Inscriptions via une application ou par téléphone: dans plusieurs diocèses, les responsables ont prévu de multiplier le nombre d'offices pour accueillir le maximum de fidèles. "Nous allons faire 12 messes au lieu de 5 habituellement" durant le week-end, explique ainsi à l'AFP le père Pierre Amar, prêtre de la paroisse Saint-Symphorien à Versailles dans les Yvelines.

Mais il faudra aussi compter avec les appels à rassemblements sur les parvis. Lancés par une tendance minoritaire de catholiques il y a quatre semaines, ils se poursuivent. Le collectif "Objectif messe" appelle ainsi à "démontrer le ridicule de la situation", dimanche à Nantes, Lille, Rennes, Grenoble, Neuily-sur-Seine, Rambouillet...

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