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Macron s'efforce d'afficher son virage écolo devant la Mer de Glace

Emmanuel Macron est venu jeudi dans le massif du mont Blanc "toucher du doigt" les effets dévastateurs du changement climatique. Une visite symbolique censée amorcer le virage écologique de son quinquennat mais dépourvue d'annonce nouvelle.

"Je n'imaginais pas une fonte aussi rapide, c'est impressionnant. On se rend compte comment les non-décisions ont fait en arriver là", s'est exclamé le président au petit matin devant la Mer de Glace, étendue de roches grises et de glace vive bleutée en recul de 8 à 10 mètres par an.

Redescendu à Chamonix, il a ensuite prononcé un discours ardent sur "l'urgence" climatique, "le combat du siècle" selon lui, assurant notamment avoir ressenti "notre propre vulnérabilité, la fragilité de ce paysage qu'on pensait inamovible".

Sans annonce d'ampleur, M. Macron a dressé le tableau d'actions qu'il a liées aux objectifs écologiques, citant la revitalisation des centres-villes pour lutter contre l'étalement urbain, la loi sur le recyclage ou encore la création, annoncée la veille, de nouveaux parcs naturels, y compris pour protéger le mont Blanc.

L'arrêté définissant l'aire protégée du mont Blanc devrait être prêt "d'ici la fin de l'année", a-t-il précisé plus tard, ajoutant que les amendes seraient portées de 38 à 750, voire 1.500 euros pour ceux qui contreviendraient "au respect de la nature".

L'ensemble de ces actions doivent être "compatibles avec les progrès économiques", a-t-il pris soin de souligner, avant de saluer la "très bonne nouvelle" de la baisse du chômage à 8,1% à la fin 2019, qui selon lui témoigne d'"une efficacité des politiques conduites".

- La priorité écologique -

Dans son discours en Haute-Savoie, censé marquer un virage écologique à un mois des municipales, Emmanuel Macron a aussi estimé que le "combat pour la biodiversité est indissociable de la lutte contre le réchauffement".

Quelque "60 % des animaux sauvages ont disparu ces 50 dernières années, les espèces disparaissent à un rythme 1000 fois supérieur au taux d'extinction naturelle", a rappelé le chef de l'Etat qui lançait aussi pour l'occasion l’Office français de la biodiversité (OFB) au lendemain d'un Conseil de défense écologique.

L'OFB, né du regroupement inédit de l'Agence pour la biodiversité et l'Office national de la chasse et la faune sauvage, "va porter les politiques totales de la nature", de façon "ferme et pédagogique", a-t-il assuré.

Après Chamonix, le chef de l'Etat a déjeuné à Saint-Gervais-les-Bains avec des élus locaux qui souhaitaient l'interpeller sur la pollution dans la vallée de l'Arve, entraînée par le passage de trop nombreux poids lourds et le chauffage au bois.

Laurent Wauquiez, président de région, avec le maire de Chamonix Eric Fournier, soutenu par LREM, ont demandé au président de réglementer les camions les plus polluants dans le tunnel du Mont-Blanc et de développer le ferroviaire dans la vallée. Le président a annoncé que le gouvernement co-financerait le prolongement du Léman-Express jusqu'à Saint-Gervais avec le département et la région.

- "Caricature" -

A Saint-Gervais, une manifestation contre cette pollution et la réforme des retraites a réuni 250 personnes, mais elle a été dispersée avant l'arrivée d'Emmanuel Macron.

"Venir pleurer devant la Mer de Glace alors que les accords des conférences climat ne sont pas respectés et que les émissions de gaz à effet de serre augmentent, c'est de la parade, c'est de la com'", tançait parmi les manifestants Pierre Delpy, conseiller en énergie dans une association.

Son déplacement auprès "des symboles du réchauffement" a été salué par Arnaud Gauffier, directeur des programmes au WWF, mais ce dernier a "regretté (que) les annonces ne soient pas à la hauteur des enjeux".

"Ce qui fait disparaître les glaciers c'est le réchauffement climatique, si ça ne s'assortit pas d'une politique ambitieuse de réduction des émissions ça ne sert à rien, et dans ce domaine on n'est pas du tout dans les clous", a-t-il déploré.

La veille, Greenpeace avait déjà déploré que le "gouvernement se contente de mesures insuffisantes et anecdotiques, mélange de réchauffé et de fausses solutions comme le nucléaire", accusant même le président de "tomber dans la caricature avec une vaste opération de communication pour verdir son image avant les municipales".

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