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Marche pour le climat et la justice sociale à Bruxelles: "Si on ne change pas nos habitudes, ce sera la fin du monde"

Plusieurs milliers de manifestants, 17.000 selon les organisateurs, se sont élancés dimanche en début d'après-midi de la gare de Bruxelles-Nord et du boulevard du Roi Albert II pour "une marche pour le climat et la justice sociale pour tou-te-s" placée sous le slogan "Right(s) now!", organisée à l'initiative du mouvement citoyen Hart Boven Hard.

Environ 15.000 personnes, selon la police de Bruxelles-Ixelles, 20.000 selon le décompte définitif des organisateurs qui avaient annoncé 17.000 en première estimation, ont marché dans Bruxelles dimanche après-midi pour la justice climatique et sociale sous le slogan "Right(s) now! ". Deux personnes appartenant au mouvement des Gilets jaunes ont été arrêtés administrativement en début d'événement par mesure préventive. Au cours de la manifestation, deux autres manifestants ont été arrêtés judiciairement pour des dégradations, notamment sur des vélos Uber. Au micro de notre journaliste, Brieuc Wathelet, le porte-parole de la campagne "Tam Tam", a expliqué les revendications principales. "Il s’agit de faire pressions sur les candidats aux élections et surtout sur les futurs gouvernements. Désormais, il ne pourra plus être question d’avoir des politiques sociales sans réfléchir à l’impact écologique. Et vice-versa, on ne peut pas faire de politique climatique ambitieuse sans prendre en considération les publics plus fragilisés. Le message est clair : dès le lendemain de 26 mai, il faut un changement de cap avec des politiques ambitieuses qui puissent prendre en considération l’objectif de justice sociale et de justice climatique." Il poursuit: "Il faut un investissement massif, minimum 4 milliards dans le service mobilité, dans les trains, les trams et les métros. C’est une mesure intéressante car elle permet à ceux qui n’ont pas de voiture, de pouvoir compter sur un service public de qualité et en même temps, ces trains, trams et métros permettent de lutter contre le réchauffement climatique."

Il n’y a pas que le climat qui préoccupe les manifestants

Les manifestants s'étaient rassemblés de 12h30 à 14h00 sur une des voies du boulevard du Roi Albert II. Le cortège s'étendait de la gare du Nord jusqu'à la petite Ceinture. Les différentes associations et mouvements présents avaient déployé de nombreuses banderoles et pancartes. Greenpeace avaient fabriqué deux tours de refroidissement de 3 à 4 mètres de haut pour appeler à la sortie du nucléaire. Des slogans du type "Nucléaire, on n'en veut pas. C'est pas lui qui va sauver le climat!" étaient inscrits sur des pancartes. Des associations ont milité pour les pensions, pour des droits égaux ou encore contre le viol afin de revendiquer une justice sociale. Les partis politiques Ecolo et Groen refermaient la marche. Une centaine d'associations comptent parmi les organisateurs de cette manifestation, dont Tout Autre Chose, des syndicats, le CNCD-11.11.11, Médecins du Monde, Greenpeace, Oxfam, Amnesty International ou encore l'Association Syndicale des Magistrats. A l'approche des élections, ces différents mouvements demandent entre autres une régulation du prix des médicaments, un rehaussement des minima sociaux au-dessus du seuil de pauvreté, des investissements massifs dans les transports en commun, de lutter efficacement contre l'évasion fiscale, une politique migratoire digne ou encore l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes.

Une couverture de survie pour symboliser la dignité

Parmi les manifestants présents à Bruxelles, il y avait plusieurs étudiants en art vêtus de couverture de survie, dont Jessica Guilloud.  "Les couvertures de survie, c'est une manière de rappeler que tout être humain a droit à la dignité, vu que c'est le thème de la manifestation, explique-t-elle au micro de notre journaliste. On vient en tant que jeunes étudiants en art et c'était aussi une manière de mettre de la couleur et de rendre ça joli (...) Les artistes sont précarisés avec la majorité des lois d'austérité qui passent dans le contexte ultralibéral dans lequel on est. Du coup, on avait aussi une voix à apporter. C'est aussi pour rappeler que les artistes sont importants dans une société. Si on ne leur laisse pas la place, ils vont simplement disparaître dans leur précarité comme tout le monde."

"Envoyer un signal fort"

Sous le slogan "RIGHT(S) NOW ! Marche pour le climat et la justice sociale pour tou·te·s", des sympathisants et membres de l'association citoyenne Hart Boven Hard marchent ensemble ce dimanche depuis la gare du Nord jusqu'au parc du Cinqantenaire. 

"Ce que nous demandons est écrit noir sur blanc dans la constitution", pointent les organisateurs. "L'article 23 garantit le droit à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine. Cela signifie concrètement: un climat sain, un travail décent, l'égalité des droits, des soins de santé abordables, une politique de migration humaine et ne pas avoir à se plier en quatre tous les mois pour survivre."

L'action est organisée précisément deux semaines avant les élections fédérales, régionales et européennes du 26 mai prochain. Les manifestants souhaitent que les futurs gouvernements planchent sur leurs priorités. Ils veulent donc ainsi "envoyer un signal fort". Les priorités défendues par Hart Boven Hard devraient participer au développement d'une société durable, solidaire et inclusive, selon l'association. "Pas de politique climatique sans justice sociale, pas de lutte contre les inégalités sans un œil sur la planète", soulignent les organisateurs de la marche.

"Si nous ne nous faisons pas entendre, peu de choses changeront au niveau politique. Sans mouvement dans la rue, il n'y a pas de mouvement rue de la Loi", peut-on lire sur le site de la plateforme. Hart boven Hard décrit la manifestation sur son site comme étant "une grande manifestation nationale par laquelle nous exigeons que le prochain gouvernement prenne une direction différente et prenne également à cœur les droits mentionnés dans l'article 23".

 
La manifestation s'est terminée dans le parc du Cinquantenaire avec un flashmob sur la chanson "Right here, right now". Une minute de silence a été respectée pour Julie Van Espen, tuée le week-end dernier dans la région d'Anvers par un homme déjà condamné en 2017 pour le viol de son ex-compagne. Différents représentants d'associations ont enfin tenu des discours pour motiver leurs revendications. "Pour nous, les enjeux c'est vraiment regarder en direction du 26 mai en demandant une Belgique solidaire et capable d'être ambitieuse sur le plan climatique", a défendu Karine Thibaut, directrice de campagnes au CNCD-11.11.11. "On a seulement deux législatures pour faire face à l'urgence climatique. On constate que 50% des émissions de CO2 sont faites par les 10% les plus riches. Donc, pour nous, la transition écologique ne doit pas se faire sur le dos des couches les plus défavorisées de la société. Il faut pouvoir aller chercher au niveau de la fiscalité auprès des multinationales et d'autres grandes entreprises les moyens de financer une société écologique et solidaire". Un concert a conclu l'événement qui devait se terminer entre 18 et 19h.



 
 
 

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