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Le parc national des calanques demande 450.000 euros contre des braconniers

Ils avaient chassé illégalement des tonnes de poissons dans les calanques de Marseille : le parc national a demandé vendredi 450.000 euros pour "préjudice écologique" à quatre braconniers des mers, qui comparaissaient au civil à Marseille.

Il s'agit du premier dossier pour préjudice écologique - une notion inscrite au code civil depuis 2016 - à être jugé devant un tribunal en France, selon l'avocat du parc, Me Sébastien Mabile.

"La demande du parc national est légitime et je demande au juge de faire valoir le principe du droit dans ce dossier historique", a renchéri l'avocat général Franck Lagier.

En juillet 2018, les quatre apnéistes marseillais avaient été jugés au pénal et condamnés à des peines de 15 à 18 mois de prison avec sursis, pour avoir chassé au harpon illégalement pendant plus de quatre ans dans les eaux protégées des calanques.

Me Mabile a rappelé que 4,5 tonnes de poissons et coquillages ont été prélevés illégalement, ce qui a provoqué "un retour en arrière de trois à quatre ans par rapport à l'+effet réserve+ sur la biomasse". Cet "effet réserve", a-t-il expliqué, définit l'augmentation de la biomasse dans les zones de non-pêche.

A la barre vendredi, une directrice de recherches émérite du CNRS, ancienne membre du conseil d'administration du parc des calanques, Denise Bellan-Santini, s'est désolée de ce que les braconniers s'attaquent notamment à des prédateurs comme le mérou, dont dépend tout un écosystème.

"Quand un braconnier tire un mérou de 10 kg, l'impact sur l'ensemble de la biomasse est multiplié par dix", a-t-elle estimé, car la présence de ce prédateur a un impact sur l'ensemble de la chaîne alimentaire.

Le parc demande aussi 100.000 euros aux chasseurs sous-marins pour préjudice moral, et 18.000 euros pour le même préjudice à leurs clients: six écaillers et restaurateurs ayant pignon sur rue à Marseille, et qui ont profité de cette manne.

"On dit que le premier prisonnier du château d'If était un braconnier, mais l'histoire ne dit pas ce qu'il est advenu du commerçant qui lui achetait du poisson", a noté malicieusement le président du tribunal, Pierre Jeanjean.

Ces commerçants "ont acheté du poisson issu de la pêche non professionnelle, troué, harponné (...) mais ont bénéficié d'un régime très favorable" a souligné Me Mabile, rappelant qu'ils ont évité le procès public au pénal et n'ont été condamné qu'à des amendes de 800 à 1.500 euros.

Les avocats des écaillers et restaurateurs ont demandé au président de ne pas céder à la "pression politique et médiatique" et de "ramener ce dossier à sa mesure", évoquant "juste quelques poissons achetés", ou encore "cinq douzaines d'oursins".

Le délibéré doit être rendu le 6 mars 2020.

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