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Quand Dieu se met au service du climat

Si la Nature est un don de Dieu, les milliards de fidèles à travers le monde constituent le plus vaste réseau d'action civile pour la protéger et intégrer à leurs pratiques la lutte contre le changement climatique. L'ONU en est tellement convaincue qu'elle appelle en renfort cette légion Universelle.

L’Onu lance donc mardi à Windsor (Angleterre), avec l'Alliance des religions pour la conservation (ARC), fondée en 1995 par le Prince Philip, une initiative œcuménique à cinq semaines de la conférence climat de Copenhague. Les responsables des neuf principales religions du monde - Baha'i, boudhistes, chrétiens, taoïstes, hindous, musulmans, juifs, shintoïstes et sikhs - seront accueillis par le Prince, ainsi que le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, et des représentants de la Banque mondiale et d'ONG environnementales.

"Il s'agit d'adresser un signal fort aux gouvernements. Sans demander aux autres d'agir, mais en exprimant son engagement" en faveur du climat, indique Olav Kjorven, directeur au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). "Près de 85% de la population mondiale adhère à une religion. Celle-ci peut mobiliser des milliards de gens, dans tous les domaines où elle intervient. Mais c'est aussi, à travers les rituels et les traditions, une autre manière de toucher les gens", ajoute-t-il.

Dans le monde, 7 à 8 % des terres habitables appartiennent aux groupes religieux, qui contrôlent également de nombreuses entreprises de presse, plus de la moitié des écoles et 7% environ des investissements financiers, selon l'ARC. "La religion va émerger comme une force motrice majeure en faveur de l'action environnementale", espère Victoria Finaly, directrice de la communication à l'ARC. Quelque 200 leaders musulmans, réunis en juillet à Istanboul, ont déjà préparé un plan d'action sur sept ans qui prévoit notamment un "éco-label musulman" applicable à tous les domaines, de l'impression des Corans aux pélérinages.

"Nous ne voulons pas nous distancer des gouvernements, nous sommes tous dans le même bateau. Si nous dévastons cette planète, il n'y aura aucun autre endroit où vivre", soulignait alors l'initiateur du plan, le Dr Mahmoud Akef. Les Sikhs, qui nourrissent chaque jour près de 30 millions de personnes dans leurs temples en Inde, s'engagent à transformer leurs cuisines pour n'utiliser que des matériaux "eco-friendly". En Chine, les temples taoïstes passent au solaire... "Les religions dépassent les frontières. Elles n'ont pas à s'occuper des questions de financement, de souveraineté, de propriété intellectuelle sur les technologies, tout ce qui freine les négociations de Copenhague. C'est d'abord une question de morale", insiste Jessica Haller, directrice de la Campagne judaïque pour le climat (Jewish Climate Campaign).

Le changement climatique, avec ses conséquences particulièrement dévastatrices pour les populations les plus démunies, "ne peut être perçu comme un simple problème matériel", estime Stuart Scott, ancien universitaire à Hawaï, responsable d'une "Déclaration inter-religieuse sur le changement climatique" présentée à l'ONU en septembre à New York. "C'est l'agression ultime des forts contre les faibles, c'est odieux pour un croyant", renchérit Bill Mc Kibben, militant écologiste américain, méthodiste, initiateur de la campagne "350.org" pour limiter le réchauffement. "Prendre soin de la Création devient aussi important que d'oeuvrer pour la paix ou contre la pauvreté".

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