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Rentrée test pour Agnès Buzyn, aux commandes de délicates réformes sociales

Plan pauvreté, budget de la Sécu, réforme du système de santé, retraites: la rentrée s'annonce chargée pour Agnès Buzyn, qui va devoir lancer des chantiers parfois "explosifs", tout en incarnant la fibre sociale d'un gouvernement accusé par une partie de la gauche de favoriser les riches.

Pour la ministre de la Santé et des Solidarités, "six grands chantiers", selon son cabinet, vont s'enchaîner à partir de la mi-septembre.

Lancer le plan de lutte contre la pauvreté, défendre un projet de loi de financement de la Sécurité sociale en période d'économies, proposer une transformation du système de santé face à la grogne des soignants, ouvrir le débat sur la dépendance dans une France vieillissante, porter la révision de la loi Bioéthique, donner corps à la réforme des retraites... C'est peu de dire que cette médecin issue de la société civile sera en première ligne.

"Elle a eu un bon exercice cet été", souligne son cabinet, interrogé par l'AFP, faisant référence aux deux épisodes caniculaires où elle a multiplié les sorties sur le terrain. "Elle aborde la rentrée avec toute l'énergie nécessaire", assure-t-on.

Gestion de la canicule, extension du nombre de vaccins obligatoires, remboursement intégral d'une partie des lunettes, prothèses auditives et audioprothèses, lutte contre le tabac sont à mettre au rang de ses réussites.

Mais après sa déclaration sur le report du plan pauvreté à cause du mondial de football, la sortie d'Emmanuel Macron sur le "pognon de dingue" versé à des "pauvres (qui) restent pauvres" ou encore le débat sur l'universalité des allocations familiales, c'est désormais avec la casquette "solidarités" qu'Agnès Buzyn aborde la rentrée.

Elle "a une tâche énorme et beaucoup de sujets explosifs cumulés", observe pour l'AFP la politologue de l'institut Ipsos Chloé Morin, la voyant comme "la seule incarnation d'une fibre sociale face à des ministres plutôt vus comme des libéraux".

- Baguette magique -

"C'est toujours un grand classique de dire que la rentrée va être compliquée", poursuit-elle. "Ce qui est intéressant cette année, c'est que la question de la justice sociale s'est imposée au cours des derniers mois et qu'on jugera le gouvernement sur sa capacité à y répondre".

Soucieux de gommer une image de "président des riches", Emmanuel Macron a fixé un cap plus social à sa deuxième année de mandat.

Stratégie pour éviter la constitution d'un front social ou volonté d'avancer très vite, il a reçu mi-juillet les partenaires sociaux pour évoquer les sujets de rentrée, et le Premier ministre Edouard Philippe prendra le relais à partir de mercredi.

"C'est sans doute plus difficile de présenter des réformes sociales aujourd'hui qu'il y a un an. Quand une image est installée, c'est assez dur de percevoir tout ce qui s'en démarque", analyse Mme Morin.

Selon elle, la réforme la plus "délicate" sera celle du système de santé, prévue à l'automne, car le sujet "préoccupe beaucoup de Français, conscients des difficultés et des mouvements de contestation dans ce secteur".

Si Agnès Buzyn a réussi à "restaurer le dialogue" avec les professionnels de santé, qui étaient en "conflit permanent" avec la précédente titulaire du poste, Marisol Touraine, "on ne rattrapera pas cinq ans de retard en un coup de baguette magique", avertit Jean-Paul Ortiz, président du premier syndicat de médecins libéraux (CSMF), interrogé par l'AFP.

"Collectivement, nous n'avons pas le droit à l'erreur", poursuit-il. Il y a une "crise systémique", qui nécessite "des moyens".

La question des moyens, justement, reste en suspens. Car à l'heure de la recherche d'économies, des coupes pourraient intervenir dans les dépenses sociales (santé, retraite, famille, chômage), estimées à 714,5 milliards d'euros en 2016, 32% du PIB.

Selon l'Express, Agnès Buzyn a écrit en juillet à Edouard Philippe pour s'opposer notamment à un gel du RSA, obtenant, d'après l'hebdomadaire, gain de cause.

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