Accueil Actu

Teknival de Marigny: un site naturel protégé transformé en "royaume des plastiques"

Après la 25e édition du Teknival, une rave party illégale organisée le week-end dernier à Marigny (Marne), deux associations écologistes ont constaté vendredi l'étendue des dégâts sur ce site naturel fragile classé "Natura 2000", en partie défiguré par la présence de quelque 20.000 "teufeurs".

"Il y a quand même des oiseaux qui ont résisté cette année, c'est déjà ça", a constaté Roger Gony, président du Conservatoire d'espaces naturels de Champagne-Ardenne, qui gère cette ancienne base militaire de l'Otan, propriété de l'armée, depuis 1991.

Résultat de cinq jours de camping sauvage: toiles de tente abandonnées, canettes incrustées dans la terre, buissons souillés, branches brisées, barrières cassées et amoncellements de détritus de tous genres jonchent les 3,5 km de piste bitumée et ses abords.

Entre 20.000 et 25.000 étaient présents à ce Teknival du 27 avril au 2 mai, malgré deux arrêtés préfectoraux interdisant la manifestation, selon la préfecture de la Marne.

"Quand on s'installe sur un site naturel, on fait du dégât", a déploré M. Gony, appareil photo à la main pour immortaliser les dégâts sur la pelouse sèche, piétinée par les passages des festivaliers qui y ont aussi allumé des feux avec du bois prélevé sur place.

A ses yeux, ce "puits" de nature "dans un semi-désert agricole" s'est transformé en "royaume de plastiques".

Une entreprise était intervenue jeudi pour enlever les principaux tas de sacs d'ordures et la semaine prochaine une entreprise d'insertion par l'activité économique interviendra pendant trois jours pour achever le nettoyage du site, a indiqué la préfecture.

Mais "tous les morceaux de ferraille, de plastique, les petits bouts de trois fois rien, vont rester", a souligné Bernard Butet, bénévole de la Ligue de protection des oiseaux de Champagne-Ardenne.

Ces deux associations, ainsi que Marne Nature Environnement, ont porté plainte contre X auprès de la gendarmerie de Sézanne (Marne) pour "destruction d'habitat".

Le site de 280 hectares, qui abrite notamment une soixantaine d'oiseaux nicheurs et 250 espèces végétales dont certaines sont protégées, avait déjà accueilli le Teknival en 2001, 2003 et 2005, année de son classement "Natura 2000".

Dans un communiqué, la Coordination nationale des sons, qui regroupe les organisateurs de rave parties, avait reconnu mardi "une erreur" dans le choix du site mais dénoncé le refus de l'Etat d'accorder aux sound systems "un site pour organiser ce Teknival dans de bonnes conditions".

À lire aussi

Sélectionné pour vous