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Transhumanisme : améliorer l'homme ou le remplacer par des cyborgs

Quasi-immortalité, avenir de cyborg : l'homme est-il condamné à intégrer des nanopuces dans son cerveau pour ne pas devenir obsolète? Désireux d'améliorer l'espèce, les transhumanistes hésitent entre promesses de futurs qu'ils jugent meilleurs et crainte d'une apocalypse.

Issu d'une frange de la cyberculture californienne, ce mouvement mise sur une évolution rapide des progrès de l'informatique, des bio- et nanotechnologies et de la connaissance du cerveau.

Grâce à ces techniques, il s'agirait non seulement d'augmenter les capacités de l'homme (d'où le nom "Humanity +" choisi par le mouvement à l'échelle internationale), mais aussi de préparer la transition vers des "posthumains", sortes de cyborgs qui succéderaient à notre espèce.

Le scientifique américain Ray Kurzweil, apôtre du transhumanisme, prédit que dès 2029 l'intelligence artificielle égalera celle de l'homme. Pour l'auteur du livre "Humanité 2.0", dès 2045, l'homme devra fusionner avec une intelligence artificielle, ce qui lui permettra d'augmenter son intelligence un milliard de fois. Un tel destin de cyborg fait pour lui figure d'aboutissement.

A l'extrême, Hugo de Garis, chercheur australien en intelligence artificielle, promet un avenir plus noir. Avant la fin du siècle, une "guerre exterminatrice" risque d'opposer les "êtres humains" aux machines intelligentes et aux "groupes qui veulent construire ces dieux", a-t-il mis en garde lors d'une conférence organisée dimanche dernier à Paris par l'Association française transhumaniste (AFT Technoprog).

Bientôt, un condensé de nanotechnologies de la taille d'un grain de sable intégré dans le cerveau pourrait suffire à faire d'un humain un cyborg aux capacités mentales des milliards de fois supérieures, assure M. de Garis qui a effectué des recherches dans un laboratoire de l'Université de Xiamen (Chine).

Paradis ou enfer ?

Il imagine qu'en 2070, une jeune mère pourrait être face à un dilemme : transformer ou non son bébé en cyborg. Le faire reviendrait à "tuer son enfant" puisqu'il deviendrait "complètement différent", avertit-il.

D'ici quelques décennies, l'humanité devra, selon lui, choisir si elle "reste l'espèce dominante" en fixant une limite à l'intelligence artificielle ou si elle construit des supercerveaux.

Sans partager l'extrémisme de Hugo de Garis, le président de l'AFT Marc Roux relève qu'à "la différence d'une bonne partie du courant transhumaniste outre-atlantique", en France "le questionnement sur les risques" est mis en avant. D'où le thème de la conférence : "Futurs transhumanistes: paradis ou enfer ?"

Créée voici deux ans, l'association française qui se veut "technoprogressiste", d'où son nom Technoprog, avec le "souci de l'équilibre social", ne compte qu'une vingtaine de cotisants et quelque 200 participants actifs sur ses forums en ligne, selon M. Roux.

Cet historien de formation pense que "la perspective historique de Kurzweil est fausse", car les repères choisis sont "arbitraires". Dire que l'émergence de l'intelligence artificielle "forte" ou de la conscience artificielle est "pour dans vingt ou trente ans, ça me paraît être à la limite du raisonnable",dit-il.

L'accent est mis sur la "prolongation de la durée de vie en bonne santé", un thème plus apte à séduire le public.

Sans aller jusqu'à affirmer, comme le Britannique Aubrey de Grey, que l'homme pourrait vivre jusqu'à mille ans grâce à la génétique et aux nanotechnologies, Didier Coeurnelle, vice-président de l'AFT, déclare se situer "dans la même type d'optique".

D'ici quelques décennies, le vieillissement pourrait être repoussé de 30 ans, l'objectif final étant de le "repousser indéfiniment", selon Aubrey de Grey qui prophétise une quasi-immortalité.

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