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Un camping-car sillonne la Nièvre à l'écoute des adolescents

Après plus d'une heure de route, un camping-car se gare un peu à l'écart sur le parking du collège de Luzy, dans la Nièvre. Depuis le début de l'année scolaire, l'équipe à son bord vient une fois par mois aider des adolescents à surmonter leurs problèmes.

A bord du véhicule flanqué de l'inscription "Equipe mobile, Maison des adolescents", la psychologue Pauline Adam et l'infirmière Edith Bonin font pivoter leurs sièges vers l'intérieur. L'espace se transforme en un confortable salon prêt à recevoir quelques-uns des 170 élèves de l'établissement.

Difficultés familiales, scolaires, harcèlement ou questionnements sur leur identité: pour les jeunes, c'est "un espace de parole où ils peuvent dire ce qu'ils ressentent librement et sans jugement de notre part. Ils viennent décharger leur mal-être", explique Pauline Adam.

Le camping-car parcourt le département deux jours et demi par semaine et s'installe à proximité d'un établissement scolaire, d'un centre social ou d'une mairie, voire du domicile d'un adolescent.

Jamais trop proche pour ne "pas être trop associé à l'établissement, la famille ou au centre social: on reste un lieu neutre" mais aussi parce que "parfois les parents ne sont pas au courant", précise la psychologue. Les jeunes doivent venir de leur propre gré et l'entretien est confidentiel et gratuit.

Enzo, bientôt 15 ans, s'installe sur la banquette, visiblement à l'aise face à des visages souriants qu'il a déjà vus plusieurs fois.

La conversation s'engage sur un ton léger: Comment pressent-il le brevet qui arrive? Il est "un peu stressé", surtout pour les maths. Puis les sujets plus difficiles sont mis sur la table: sa vie en famille d'accueil, son prochain déménagement.

Le camping car, "c'est un lieu plus accueillant qu'une salle basique", raconte-t-il d'un ton posé. "Je peux échanger; j'arrive à raconter mes problèmes. Quand je ressors, je suis serein; je suis libéré de pas mal de questions que j'avais dans la tête".

Si nécessaire, l'équipe mobile peut orienter les adolescents vers une pédopsychiatre, un enseignant spécialisé, une diététicienne qui travaillent avec la Maison des adolescents, ou vers des structures extérieures.

- "Difficultés de mobilité" -

"C'est un peu comme des psys, mais pas tout à fait", commente Joseph, 15 ans, qui dit être venu "peut-être cinq ou six fois" après un décès dans sa famille.

"Je suis interne à Luzy, donc je suis tout le temps là. Jamais je n'ai raté une séance", poursuit-il. Mais s'il avait fallu se rendre à Nevers, la préfecture du département distante de 75 kilomètres, "je n'aurais pas pu y aller".

Le camping-car "va pallier les difficultés de mobilité des gens", liées aux distances importantes et aux dépenses que cela implique, indique l'infirmière Edith Bonin. "Quand on va à l'autre bout du département, on a parfois jusqu'à deux heures de trajet."

Psychologues, infirmières ou éducateurs spécialisés se déplacent toujours en binôme, "pour avoir un regard croisé: on n'a pas la même approche, on n'a pas la même formation", ajoute Mme Bonin.

L'association Le fil d'Ariane, qui gère la Maison des adolescents de Nevers, a lancé le dispositif en mars 2017, appuyée notamment par l'Agence régionale de santé et la Fondation de France. Coût: 50.000 euros pour le véhicule puis 70 à 80.000 euros par an.

Pour l'infirmière du collège de Luzy, Martine Tallemet, le camping car apporte un soutien bienvenu, même si la plupart des élèves vont bien.

"L'important dans notre travail, surtout quand on est dans un environnement un petit peu isolé comme ça, c'est de trouver des partenaires avec qui travailler sur du long terme", explique-t-elle.

L'équipe mobile a accueilli 137 jeunes sur tout le département en 2017, dont une dizaine à Luzy, où le camping-car peut recevoir cinq élèves par mois.

Trop peu, pour Mme Tallemet. "Généralement quand on a un adolescent ou une adolescente en souffrance, il faut répondre à sa demande assez rapidement: c'est tout de suite."

Face à cette demande croissante, la Maison des adolescents prévoit de faire circuler le camping-car cinq fois par semaine dès la rentrée prochaine.

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