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Un Macron plus prudent lance à la rentrée des réformes délicates

Fort d'une baisse continue du chômage, Emmanuel Macron est décidé à poursuivre ses réformes à la rentrée avec les chantiers périlleux des retraites et de la PMA pour toutes, malgré la colère qu'il sait toujours vivace dans une fraction du pays.

Après trois semaines discrètes et "studieuses" au Fort de Brégançon, le chef de l'Etat a fait sa pré-rentrée jeudi en commémorant le Débarquement en Provence aux côtés de deux chefs d'Etat africains. Une première sortie officielle ponctuée d'un appel aux maires à donner des noms de rues aux soldats africains tombés pour la Libération et d'un long bain de foule à l'ambiance bienveillante.

Lundi, il fait son retour sur la scène internationale en recevant à Brégançon le président russe Vladimir Poutine, pour discuter des conflits et dossiers en cours - Syrie, Libye, Iran, Ukraine. Prélude à l'événement diplomatique majeur du quinquennat: le G7 de Biarritz, où la France reçoit les 24 et 25 août les dirigeants de sept grandes puissances mondiales.

Au niveau national, la semaine prochaine verra à la fois le Conseil des ministres de rentrée de mercredi et le réveil des oppositions, qui tiennent leurs universités d'été (PS, EELV, LFI, PCF).

En retrouvant ses ministres, Emmanuel Macron devrait à nouveau les exhorter à accélérer les réformes tout en écoutant davantage les Français, son leitmotiv depuis le grand débat.

Avec l'essoufflement des "gilets jaunes" cet été, l'ambiance est plus clémente pour l'exécutif, encore porté par le score honorable de la liste présidentielle aux Européennes et des courbes de popularité qui remontent.

Le chef de l'Etat peut surtout s'enorgueillir d'une baisse du chômage au 2e trimestre à 8,5%, le plus faible depuis dix ans.

Mais il sait que la contestation peut flamber à nouveau. "Je ne crois pas du tout que ce qui, à un moment, crée la colère sincère d'une partie de la population soit derrière nous", a reconnu M. Macron juste après son arrivée dans le Var. Encore rappelé à l'ordre par l'affaire Rugy, il a évité cet été tout geste polémique, choisissant pour un rare dîner en touriste une pizzeria.

Car la rentrée s'annonce semée d'embûches, avec deux réformes explosives. Le projet de loi sur la bioéthique, dont la mesure phare, l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, doit être examinée fin septembre par les députés.

- "Mauvais coup" -

Si la majorité fait valoir le soutien de quelques députés de droite et d'une large approbation populaire, certains dans les rangs macronistes mettent en garde contre un possible réveil du camp conservateur. En son temps, la capacité de rassemblement de La Manif pour tous avait été largement sous-estimée.

Puis la réforme des retraites, présentée au début de l'été et qui préconise un âge pivot de 64 ans pour une retraite à taux plein, unanimement rejetée par les syndicats. Le gouvernement a préféré se donner du temps en ouvrant une nouvelle phase de concertation et sans fixer de date finale. Les partenaires sociaux seront reçus par Edouard Philippe les 5 et 6 septembre alors que FO et la CGT ont annoncé une mobilisation les 21 et 24 septembre.

Enfin, la réforme de la fonction publique, promulguée début août, que les syndicats perçoivent comme un "mauvais coup". Sa mise en oeuvre doit être présentée le 5 septembre.

A sept mois des municipales, l'action du gouvernement sera sous haute surveillance. La majorité a connu quelques remous fin juillet lorsqu'une soixantaine de députés LREM ont voté contre ou se sont abstenus sur l'accord de libre-échange entre l'Europe et le Canada (Ceta).

Le texte a aussi refait surgir une vague d'hostilité. Une trentaine de parlementaires LREM ont vu leur permanence prise pour cible cet été par des agriculteurs, des défenseurs de l'environnement ou des "gilets jaunes".

Ils dénoncent notamment les contradictions du gouvernement qui affiche l'écologie comme un pilier d'un "acte II" du quinquennat aux contours flous.

Après le bon score des Verts aux Européennes, le thème devrait imprégner la campagne des municipales, déjà marquée par plusieurs accrochages entre LREM et son allié Modem sur les investitures. Dans de nombreuses villes, Paris et Lyon en tête, le scrutin aura valeur de test à deux ans de la présidentielle, déjà dans toutes les têtes.

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