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Une vague de froid sibérien s'abat sur le nord et l'est de la France

Jusqu'à -10°C dans l'Ain au petit matin avec -18°C ressentis sous une bise glaciale venue de Sibérie: le phénomène "Moscou-Paris" qui s'est installé sur le nord et l'est de la France tient toutes ses promesses.

Comme prévu par Météo-France, les températures ont considérablement chuté en plaine : -10°C dans l'Ain, -9°C à l'aéroport de Bâle-Mulhouse, -8°C à Strasbourg et Nancy, ou encore -3°C à Montpellier, -1°C à Marseille ou -2°C à Brest.

Après un mois de janvier historiquement doux et un début février neigeux, cet épisode de froid, qui serait banal en plein coeur de l'hiver, est notable en raison de son caractère tardif. La France n'avait pas connu une telle vague de froid à pareille époque de l'année -fin février-début mars- depuis 2005.

Des premières victimes probables du froid sont à déplorer: un sans-abri de 35 ans dimanche à Valence (Drôme) et un autre de 62 ans vendredi dans sa cabane dans les bois dans les Yvelines.

Dans tout l'est de la France, les associations caritatives s'affairent ainsi à repérer les personnes les plus vulnérables pour les orienter vers les nombreux foyers ou gymnases réquisitionnés par les services de l'Etat.

Cet épisode de froid les a amenés à déclencher dans 37 départements le plan "grand froid", avec plus de 3.100 places temporaires d'hébergement supplémentaires pour les sans-abri, dont 500 à Paris.

A Paris aussi, on se réchauffe comme on peut. "On m'offre des cafés quand je remets des recommandés, ça fait du bien!", sourit Mohamed Rimaoui, un postier qui effectue sa tournée dans le Xe arrondissement.

Édouard, jeune agent de propreté de la Ville, se veut stoïque. "Le froid n'est pas un problème pour nous. On est toujours en train de marcher, on est toujours en activité, ça réchauffe", raconte-t-il à l'abri de quatre épaisses couches de vêtements.

En Alsace et en Lorraine, une centaine de bénévoles de la Croix-Rouge sont mobilisés. Les pompiers n'ont cependant signalé aucune prise en charge de personnes victimes des températures polaires.

"Les maraudes sont organisées tous les soirs. On distribue plus de couvertures, plus de sacs de couchage, plus de nourriture chaude", souligne Armand Perego, président de la Croix-Rouge d'Alsace et de Lorraine.

"On est sous tension mais encore en capacité d'héberger", selon Marie-Dominique Dreyssé, adjointe à la mairie de Strasbourg en charge de l'action sociale territoriale. Les dispositifs mis en place permettent de répondre à 95% des demandes même s'il reste des "personnes qui refusent de quitter leur bout de trottoir", déplore-t-elle.

- Redoux brutal -

La température a chuté jusqu'à -12 degrés à 1.000 m d'altitude dans le massif des Vosges, sur le site du Lac Blanc, entièrement gelé, a constaté un journaliste de l'AFP.

Parmi les secteurs économiques les plus affectés, l'agriculture et notamment les arbres fruitiers menacés par le gel, selon la présidente de la FNSEA Christiane Lambert.

"C'est compliqué pour les vergers. Des abricotiers ont déjà gelé parce que les bourgeons étaient formés", selon la dirigeante syndicale. Avec, à la clef, une possible hausse des prix de quelques centimes.

Après un pic de froid attendu mardi et mercredi, Météo-France prévoit toutefois un redoux "brutal" dans le Sud qui devrait se propager progressivement au reste du pays avant un week-end printanier.

"On va passer de l'hiver au printemps en une semaine", pronostique le prévisionniste Patrick Galois.

En attendant, Météo-France compte d'ici à mercredi sur des minimales de -6°C à -10°C sur une grande moitié Est, de 0°C et -4°C aux abords de la Méditerranée et de -2°C et -6°C sur l'Ouest.

"Nous avons donné pour consigne aux préfets d'ouvrir les lieux d'accueil", a rappelé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dimanche soir lors d'une maraude à Paris.

Dans la capitale, Hicham, un sans-abri à la rue depuis 11 ans, rencontré lundi au petit matin devant une boulangerie, a trouvé la parade en se réfugiant dans le métro. Il n'a pas de gants mais porte fièrement en bandoulière un sac de couchage. "Je peux vous dire que je fais des envieux avec ça".

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