Accueil Actu

Versailles célèbre ses "arbres admirables", mémoire vivante de l'Histoire

Ils ont traversé les siècles, surmonté les turbulences de l'Histoire et survécu aux ravages de la tempête de 1999: le Château de Versailles a créé une promenade pour célébrer ses "arbres admirables", témoins vivants du passé et précieux spécimens d'essences venues du bout du monde.

Au nombre de 30, et répartis sur plus de 800 hectares de jardins et de parcs, "ce sont des arbres extraordinaires -- certains ont près de 400 ans -- et ils ont tous une histoire à nous raconter" assure Alain Baraton, jardinier en chef du Domaine national du Trianon et du Grand parc de Versailles.

Un itinéraire balisé par des pancartes, accompagné d'un guide audio, disponible gratuitement sur l’application du Château, et d'un livret joliment illustré, permettent aux visiteurs de Versailles de savourer ce voyage à travers le temps.

A commencer par cet immense cèdre du Liban, qui frise les 30 mètres de hauteur, et dont la légende voulait qu’il ait été planté en 1722 par Bernard de Jussieu, vénérable botaniste auquel Marie-Antoinette aurait elle-même demandé qu'il arrose l'arbre. Mais des recherches ont montré qu’il était en fait né en 1840…

- Miraculé de la tempête -

Ou ce Sophora du Japon, petit miraculé de la tempête de 1999. Il fut rapporté d’Angleterre en 1764 par le jardinier de Marie-Antoinette, Antoine Richard, qui le fit déplacer en 1768 pour qu’elle puisse mieux l’admirer depuis le Trianon. A l’inverse, un platane dit à pied d’éléphant, car sa souche atteint 7 mètres de circonférence, aurait été planté sous la Révolution par un jardinier républicain pour briser l’une des perspectives royales…

La promenade rappelle la triple destinée végétale de Versailles.

Après Louis XIV qui fait construire les somptueux jardins et planter des milliers de chênes, hêtres et châtaigniers, Louis XV installe un jardin botanique qui deviendra une collection renommée dans toute l’Europe, avec 4.000 variétés conservées. Et c’est Marie-Antoinette qui a eu l’idée de créer autour de son refuge du Trianon un jardin anglais, servant d’écrin à des essences exotiques.

Plusieurs surprises ponctuent cette promenade, comme l’un des premiers séquoias géants plantés en France; ou le hêtre tortillard, une pure curiosité botanique dont les branches poussent dans toutes les directions, formant une cabane végétale dans laquelle on peut se cacher.

Ce parcours, qui a vu le jour grâce au mécénat de la maison Rémy Martin, est un moyen de célébrer la renaissance du parc, 20 ans après la tempête de 1999 qui avait défiguré ses jardins, allées et bosquets.

- "Présent, passé, avenir..." -

"Le 26 décembre 1999, des milliers d’arbres sont tombés en quelques minutes. Ce jour-là, on a compris que tout pouvait s’arrêter, mais aussi que tout pouvait recommencer, et pendant 20 ans les architectes et les jardiniers de Versailles n’ont eu de cesse que de rendre au parc son état originel", rappelle Catherine Pégard, présidente du domaine national de Versailles.

Cette promenade tombe à pic, à l’heure où les Français se (re)découvrent une passion pour les arbres, comme l'illustre le succès phénoménal du livre "La vie secrète des arbres", écrit par le garde forestier allemand Peter Wohlleben et vendu à plus d'un million d'exemplaires dans l'Hexagone.

"C'est un changement de mentalité", explique à l'AFP Alain Baraton. "Avant, on appréciait les arbres pour leur beauté. Aujourd'hui, on les apprécie pour ce qu'ils sont: les citoyens ont pris conscience de leur importance pour lutter contre la pollution et le réchauffement climatique, mais aussi pour préserver les paysages et éviter de tout détruire".

"L’arbre, c'est le présent, le passé et l'avenir, et aujourd'hui, tout le monde a conscience de sa puissance et de sa fragilité", résume le jardinier en chef.

À lire aussi

Sélectionné pour vous