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"Air Cocaïne": les pilotes "enthousiastes" à faire des vols transatlantiques

"Les Paris-Biarritz, ça va un moment": les deux pilotes jugés dans l'affaire "Air Cocaïne" ont de nouveau nié jeudi devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône avoir pris part à un trafic de drogue, mais ont décrit leur "enthousiasme" à faire des vols transatlantiques de la petite compagnie SNTHS.

Pressés de questions, et Pascal Fauret, arrêtés en République dominicaine à bord d'un Falcon transportant quelque 700kg de drogue, ont réponse à tout. Les deux hommes qui ont toujours nié être au courant de ce qu'ils transportaient ont été interrogés sur le faits qui ont précédé leur interpellation sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana, fin mars 2013, et notamment sur deux allers-retours transatlantiques, dont vers l'Equateur, durant les quatre mois précédents.

Pourquoi a-t-on retrouvé sur votre ordinateur des recherches internet avec "Justice Equateur", "trafic de drogue en Equateur"?, demande le président à Pascal Fauret, 58 ans. Le pilote raconte avoir appris ce jour-là qu'un vol était prévu pour Quito par la compagnie SNTHS pour laquelle il travaillait. Alors à Cardiff avec un client, ce dernier l'aurait mis en garde contre ce pays et le trafic de drogue, poursuit Pascal Fauret: "J'ai cherché des précisions sur internet, mais je ne l'ai pas cru. C'était un non-événement", évacue-t-il en quelques phrases.

Se tournant vers son co-accusé Bruno Odos, 59 ans, le président s'interroge sur la coïncidence entre le dépôt de 2.000 euros sur son compte épargne en mars 2013, juste après son retour de Quito, et un échange téléphonique avec Fabrice Alcaud, partenaire de SNTHS, au cours duquel ce dernier lui annonce que l'aller-retour vers Quito avait été payé.

"J'ai régulièrement de l'argent liquide avec moi, 8.000 à 10.000 euros. Avec les vols d'affaires ont peut partir rapidement dans des pays où il n'y a pas de carte bancaire", se justifie Odos.

- "Une sorte de renouveau" -

"Mon client serait le seul trafiquant de drogue au monde qui dépose 2.000 euros sur un livret A", s'amuse à souligner son avocat Eric Dupond-Moretti, rappelant le passé militaire du pilote. Les commissions pour des pilotes de voyages d'affaires sont entre 10 et 20% de la valeur marchande transportée, pointe-t-il: si le vol transportait de la drogue, comme le dit l'accusation, la commission aurait dû s'élever à "25 millions d'euros", ironise l'avocat.

Interrogé un peu plus tôt sur son rôle dans SNTHS, Bruno Odos, explique être chargé de recruter les pilotes pour la compagnie aérienne que son patron et co-accusé, Pierre-Marc Dreyfus, "n'envisageait pas de créer sans lui". Le développement des vols transatlantiques par la petite société était "un moyen de récupérer la zone monde pas à pas", précise M. Odos.

"J'étais très enthousiaste à l'idée de pouvoir participer à l'accroissement d'une petite compagnie" à travers les vols transatlantiques, ajoute l'accusé.

"Je voyais là une sorte de renouveau", abonde Pascal Fauret, qui confie alors être professionnellement "assez frustré" et ne pas avoir fait ce type de vol "depuis 15 ans". "Les Paris-Biarritz ça va un moment (...) Cela me permettait de vivre très confortablement, même s'il y a une certaine routine", poursuit l'ancien pilote de chasse.

Les deux pilotes condamnés à 20 ans de prison en République dominicaine étaient parvenus à s'enfuir clandestinement en 2015.

"A aucun moment on a eu le sentiment de faire le moindre trafic. Nous ce qu'on veut faire, c'est une belle compagnie", abonde la patron de la SNTHS Pierre-Marc Dreyfus.

Entamé le 18 février, ce procès dans lequel sont jugés neuf accusés doit se conclure le 5 avril.

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