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"Délocalisé" à Cahors, Philippe s'adresse aux provinces inquiètes

Internet à très haut débit partout d'ici à 2022 grâce à une enveloppe de 100 millions d'euros supplémentaires, revitalisation des centres-villes, économies concentrées sur les grandes collectivités locales: Edouard Philippe a défendu jeudi à Cahors le plan du gouvernement pour les zones rurales et les villes moyennes, qui se sentent laissées de côté.

La deuxième "Conférence des territoires" -le forum de dialogue entre l'Etat et les collectivités de l'ère Macron- se tient dans la préfecture du Lot, avec le gros de l'équipe gouvernementale: treize ministres, en plus du chef du gouvernement.

Pour l'occasion, M. Philippe, arrivé dès mercredi soir à Cahors, a mis en place une opération de "délocalisation" de son cabinet de Matignon, jusqu'à vendredi soir, dans le département rural du Sud-Ouest.

Jeudi matin, en présence du patron d'Orange Stéphane Richard, le Premier ministre a précisé le plan de l'exécutif contre la "fracture numérique": tous les Français éligibles au haut débit (plus de 8 mégas par seconde) en 2020, et au très haut débit (plus de 30 mégas) en 2022.

Un sujet qui exaspère dans les campagnes, qui craignent de décrocher du nouveau monde numérique.

"A ceux qui ne comprendraient pas cette impatience, je suggère de passer une semaine avec une mauvaise connexion. Ca rend assez vite dingue!", a reconnu M. Philippe. "Cette exaspération, il faut prendre garde à ce qu'elle ne se transforme pas en colère", a-t-il souligné.

Le Premier ministre a notamment annoncé un chèque de 150 euros pour les 1,5 million de ménages trop isolés pour être raccordés à la fibre d'ici la fin du quinquennat, pour une enveloppe totale de 100 millions d'euros supplémentaires.

Des mesures de simplification vont également être prises pour améliorer le réseau téléphonique en zone rurale.

"Sur l'objectif 2022, on est à fond", glisse un ministre. "Si on ne réussit pas l'objectif du très haut débit, on sera en danger à toutes les élections intermédiaires...".

Pour le reste de sa journée, Edouard Philippe préside la Conférence nationale des territoires (CNT), qui réunit près de la moitié du gouvernement avec les associations représentant les collectivités et élus locaux.

Objectif prioritaire: faire le point sur le pacte financier proposé par l'Etat, dont les collectivités contestent le bien-fondé et les modalités.

Les grandes lignes d'un plan de revitalisation des centres villes dans les villes moyennes, lancé par le ministre Jacques Mézard, seront également annoncées, pour contrer la disparition des commerces et la dégradation immobilière de nombre de centre-villes.

- Les maires boudent, les régions reviennent -

La conférence survient après plusieurs mois de tension entre l'exécutif et les collectivités, qu'Emmanuel Macron et Edouard Philippe n'ont que partiellement désamorcée.

Il n'y a "pas de relation de défiance" entre le gouvernement et les élus, "bien au contraire", a assuré le Premier ministre en arrivant à Cahors.

Mais pour l'Association des maires de France (AMF), qui avait accueilli MM. Macron et Philippe fin novembre à son congrès, "aucun pacte de confiance n'est aujourd'hui envisageable" avec l'Etat.

L'AMF ne sera représentée à Cahors qu'"à titre d'observateur" et son président, François Baroin (LR), a boudé l'évènement.

Quand certains partent, d'autres reviennent: les présidents de régions, qui avaient décidé fin septembre de boycotter la conférence sur un désaccord financier avec l'Etat, seront représentés.

Edouard Philippe ne devrait pas être confronté qu'aux seules inquiétudes et protestations des élus. Des manifestations d'agriculteurs et un rassemblement jeudi après-midi à Cahors à l'appel de la CGT sont organisés à l'occasion de sa visite.

La "délocalisation" de M. Philippe et de son cabinet vise précisément à "aller vers les Français, vers ceux qui vivent ici, pour essayer de mieux comprendre leurs attentes", a défendu le Premier ministre mercredi soir.

Agir, le nouveau parti de centre-droit bienveillant à l'égard de l'exécutif, a salué l'initiative et même suggéré que "Matignon ou l'Elysée puissent être dans les prochains mois délocalisés deux ou trois jours dans une ambassade de France à l'étranger".

Jeudi soir, après un "Facebook Live" depuis Cahors, Edouard Philippe dînera dans une auberge de jeunesse avec des acteurs économiques du Lot. Vendredi, il effectuera une tournée en plusieurs étapes du département.

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