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"Les entreprises d'armement se cachent derrière les Etats pour ignorer les droits humains"

(Belga) Les entreprises d'armement se retranchent derrière les Etats pour justifier leur manque de diligence en matière de droits humains, constate Amnesty International dans un rapport publié lundi, à l'occasion du salon Defence & Security Equipment International qui s'ouvre mardi à Londres. Elles ont pourtant elles aussi une responsabilité en la matière en vertu des principes directeurs des Nations Unies, rappelle l'organisation.

Pour ce rapport, Amnesty a interrogé 22 entreprises majeures du secteur, dont la FN Herstal, qui est détenue à 100% par la Région wallonne. La plupart d'entre elles fournissent des régimes accusés de crimes de guerre, comme l'Arabie Saoudite ou le Yémen. Aucune n'a été en mesure de démontrer qu'elle fait preuve de la diligence requise dans le domaine des droits humains. Certaines n'ont pas donné de réponses satisfaisantes, et 14, comme la FN, n'ont tout simplement pas répondu, déplore Amnesty. "Cela témoigne d'une indifférence très inquiétante à l'égard du coût humain de leurs activités et pourrait exposer ces entreprises et leurs dirigeants à des poursuites pour complicité dans des crimes de guerre", ajoute Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d'Amnesty International. "Le rôle des entreprises de l'armement dans les conflits meurtriers marqués par de graves violations des droits humains est depuis trop longtemps une évidence", poursuit Patrick Wilcken, chercheur sur le contrôle des armes à Amnesty International. La plupart des sociétés qui ont répondu à Amnesty estiment que la responsabilité des évaluations en matière de droits humains incombe à leurs États d'origine via les processus d'octroi de licences d'armements. "Cependant, la réglementation gouvernementale ne les dispense pas de mettre en œuvre leur propre diligence requise en matière de droits humains", rappelle M. Wilcken. "Surtout lorsque les décisions concernant l'octroi des licences s'avèrent déficientes et lorsque les gouvernements chargés de le faire sont eux-mêmes interpellés quant à leur rôle dans des crimes de guerre et des violations des droits humains." En vertu des Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, adoptés à l'unanimité par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en juin 2011, toutes les entreprises sont tenues de respecter les droits humains et, afin de s'acquitter de cette responsabilité, de mettre en place une procédure de diligence raisonnable, rappelle Amnesty. L'organisation a dès lors écrit à la FN Herstal, qu'elle soupçonne de ne rien faire en la matière, pour savoir quelle est la politique menée par la compagnie. Les concepts juridiques de "complicité des entreprises" et de "collaboration et complicité" dans des crimes relevant du droit international évoluent et pourraient à l'avenir s'appliquer aux entreprises d'armements qui continuent de fournir des armes tout en sachant que celles-ci peuvent servir à commettre ou faciliter de graves violations du droit international humanitaire, avertit Amnesty. (Belga)

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