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A Maisons-Laffitte, si l'hippodrome ferme, "c'est une catastrophe"

Si l'hippodrome ferme, "c'est une catastrophe": à Maisons-Laffitte (Yvelines), la fermeture annoncée du champ de courses inquiète et indigne les professionnels, dans l'un des berceaux historiques du hippisme français.

A l'entrée de la commune, un panneau annonce les dates des prochaines courses: 4, 16, 25 septembre. "Il y en a 4 autres et, après, on met la clé sous la porte", se désole Jean-Paul Gallorini, entraineur de chevaux à Maisons-Laffitte.

France Galop a annoncé en novembre l'arrêt de ses activités fin 2019 sur cet hippodrome créé en 1878 en bord de Seine, qui possède la plus longue ligne droite d'Europe avec Newmarket, en Angleterre. La société organisatrice, qui gère cinq autres hippodromes dont Chantilly et Auteuil, a lié cette décision au déclin continu des paris hippiques du PMU.

La mairie a proposé de reprendre le site mais les discussions qui se poursuivent depuis des mois n'ont pas encore abouti, à quelques semaines de l'échéance.

"C'est ubuesque, cela n'a pas de sens de fermer l'hippodrome de Maisons-Laffitte pour faire des économies", s'emporte le maire LR Jacques Myard qui cite notamment les coûts "énormes" de celui de Longchamp.

"C'est l'équilibre, la renommée, l'identité de la ville", et sa fermeture serait "un bouleversement économique, la fin d'une histoire", estime-t-il, parlant de "400 à 450 emplois" directement ou indirectement concernés.

En 1994, déjà, la fin des courses avait été actée mais la ville avait obtenu un sursis et c'est finalement l'hippodrome d'Evry qui avait fermé en 1997.

Contacté par l'AFP, France Galop n'a pas souhaité s'exprimer. Dans un communiqué vendredi, son président évoque un "climat franc et cordial" avec le maire, tout en ajoutant qu'une éventuelle reprise n'est "pas réaliste (...) avant 2021".

- "Bougie qui se consume" -

Mercredi, jour de courses, quelques dizaines de turfistes ont le visage levé vers les écrans dans le vaste hall de l'hippodrome avec, à la main, le programme du jour. Avant chaque départ, ils rejoignent les gradins ensoleillés pour regarder passer les chevaux lancés à pleine vitesse.

"J'ai signé la pétition parce que je n'imagine pas Maisons-Laffitte sans un champ de courses", affirme Jacqueline, parieuse de 80 ans.

Thomas, un ancien jockey reconverti dans le conseil aux propriétaires de chevaux, confirme que l'avenir du site "est dans toutes les discussions". Une fermeture serait "une catastrophe pour tous ceux qui travaillent dans les courses".

"Maisons-Laffitte propose une ligne droite de 2 km qui est exceptionnelle en France et permet de préparer les chevaux aux courses internationales", souligne Serge Tardy, président du Syndicat des propriétaires. "S'en amputer, c'est affaiblir la compétitivité sportive de notre cheptel", en plus de se séparer d'un "point de contact avec le public", prévient-il.

"La crainte principale, c'est qu'il y ait un report sur d'autres hippodromes offrant déjà beaucoup de réunions et donc, mécaniquement, les terrains de gazon risquent d'être surexploités", estime Nicolas Clément de l'Association des entraîneurs de Galop, "favorable" à une "continuité" à Maisons-Laffitte.

Et au-delà de l'hippodrome, c'est l'avenir du centre d'entrainement, l'un des plus importants de France, qui inquiète.

France Galop a annoncé un plan pour "redynamiser" ce centre qui peut accueillir 1.500 chevaux mais n'en héberge plus que 500. La société va investir 1,5 million d'euros, tout en réduisant les pistes de 143 à 55 hectares.

"En 2020, les courses vont être transférées ailleurs" et "si on ne parle plus de Maisons-Laffitte, le centre d'entrainement va suivre dans les cinq ans qui viennent", pronostique Frédéric Danloux, secrétaire général de l'Association des entraineurs propriétaires, qui parle d'un "drame" et fustige une "erreur de stratégie depuis 10 ans".

"C'est un sabotage programmé et cautionné", "c'est inadmissible", juge M. Gallorini, entraîneur depuis 1976, qui a crée l'association "Sauvons Maisons-Laffitte". En réduisant les pistes, "France Galop joue la politique de la bougie qui se consume": c'est comme "appuyer sur la pédale de frein pour accélérer".

"La colonne vertébrale du centre a quand même été gardée", "on a de quoi travailler", estime pour sa part Yann Lerner, lui aussi entraîneur, qui espère voir l'arrivée de nouveaux chevaux. Mais l'absence de courses serait "très regrettable": s'il n'y en a pas en 2020, "on croise les doigts pour que le champ de course reste ouvert pour les années qui suivent."

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