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A Nîmes, la colère des campagnes déborde en ville

Des dizaines de tracteurs, des remorques chargées de purin et une colère qui déborde des campagnes en ville: des heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et des agriculteurs gardois mobilisés contre "l'agribashing" dont ils se sentent victimes.

"Macron doit nous défendre sinon les agriculteurs seront éliminés du paysage en France" : c'est pour exprimer "rage et désespoir" que Guillaume, un viticulteur gardois est venu participer mardi avec 100 à 200 agriculteurs à Nîmes à la mobilisation organisée par la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA).

"On n'en peut plus de se faire taper sur le coin du nez tous les matins - quand ce n'est pas les dérèglements du climat, ce sont les taxes américaines, les pratiques déloyales de la grande distribution, les importations de produits qui ne sont pas soumis aux mêmes règles, les règlementations contre les pesticides, les attaques des associations environnementales...", énumère le trentenaire, venu du nord du département.

La colère des manifestants, en majorité des hommes jeunes portant souvent des treillis et le visage parfois masqué, a éclaté notamment devant un centre d'impôt, et devant la direction départementale des services fiscaux, en centre-ville. Devant ces deux bâtiments, alors que les agriculteurs déversaient du purin, commettaient des dégradations avec des engins agricoles et lançaient des projectiles, notamment des bombes agricoles, des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre qui ont fait un usage massif de gaz lacrymogène.

Dès 8H00, quelque 80 tracteurs et engins agricoles avaient convergé sous une pluie battante vers un point de ralliement situé dans une zone commerciale de Nîmes. Le long convoi de tracteurs a bloqué en matinée l'A9 entre Lunel et Nîmes-Est pendant plus de deux heures et provoqué de multiples embouteillages dans la périphérie et le centre de Nîmes.

- Mannequin pendu -

"Sauve ton paysan" pouvait-on lire sur une pancarte fixée sur un tracteur bleu, en tête de cortège. "Aujourd'hui c'est moi, demain peut-être toi ?" était-il inscrit sur une autre pancarte fixée sur un engin portant un mannequin pendu.

"Au plan national, nous demandons de stopper +l'agribashing+ - c'est à dire d'arrêter de faire en sorte que notre métier soit de plus en plus difficile, d'arrêter de nous mettre sans cesse des bâtons dans les roues et de nous accuser de tout. Il y a un agriculteur qui se tue par jour et on a l'impression qu'il n'y a pas de prise de conscience au niveau du gouvernement et d'Emmanuel Macron", a expliqué à l'AFP Delphine Fernandez, présidente des JA du Gard.

Elle cite parmi les raisons de la mobilisation du syndicat agricole majoritaire le débat sur les pesticides et les "zones de traitement", le glyphosate, les accords de commerce internationaux défavorables à l'agriculture française, la récente taxation américaine de 25% sur les vins français mais aussi l'absence de compensations financières face aux aléas climatiques.

"Les agriculteurs du Gard ont été particulièrement touchés cette année: ils ont tout subi", ajoute Mme Fernandez, "sécheresse, canicule, incendies, grêle". "Après les catastrophes climatiques, nous allons être frappés par la taxation américaine sur les vins: trop, c'est trop !", s'exclame Frédéric Cavagna, vigneron à Tornac. "Le gouvernement et Emmanuel Macron doivent prendre la mesure de la colère et du désespoir", dit-il.

La Confédération paysanne du Gard, tout en disant "partager l'inquiétude des paysans gardois" s'est désolidarisée de ce mouvement. Elle dénonce "une acceptation généralisée, de nos gouvernants comme du syndicat majoritaire, d’un système économique agricole destructeur".

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