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Abeilles en Bretagne: un convoi de ruches mortes pour dénoncer l'hécatombe

Un cercueil, des fleurs funéraires et des regrets pour les 20.000 colonies d'abeilles mortes cet hiver: un "convoi mortuaire" de ruches est arrivé vendredi à Rennes où les apiculteurs ont demandé l'arrêt des pesticides dans l'agriculture.

Partis lundi du Faouet (Morbihan) et après avoir traversé une partie de la Bretagne où 20.000 colonies d'abeilles sont mortes cet hiver, une centaine de protestataires se sont retrouvés devant la chambre régionale de l'agriculture.

Une délégation d'une vingtaine de personnes, dont des élus qui soutiennent leur action, a été reçue en présence de représentants des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, a précisé à l'AFP François Le Dudal, apiculteur dans les Côtes d'Armor.

"Nous avons présenté la situation et nous avons demandé une indemnisation urgente pour pouvoir prendre en charge les difficultés de tous les apiculteurs, même les amateurs qui ont 10 ou 15 ruches parce qu'ils font partie du maillage et que cela est important pour la biodiversité", a poursuivi M. Le Dudal.

Un autre apiculteur a relevé "une promesse de réagir" de la part de la Chambre de l'Agriculture. "Mais entre les belles paroles et les actes, il faut attendre", a-t-il tempéré.Concrètement, a-t-il détaillé, un dispositif va être mis en place "rapidement", prévoyant la cessation des cotisations auprès de la MSA (Mutualité sociale agricole) et la suspension des annuités auprès des banques. "Il est clair qu'on n'attendra pas trois ans pour descendre dans la rue", a-t-il insisté.

Les causes de la mortalité des abeilles n'ont pas soulevé de polémique lors de la réunion qui a pris deux heures.

"Ce n'est pas le froid qui tue les abeilles qui ont la capacité d'encaisser un hiver rigoureux. Ce n'est pas non plus la nourriture puisqu'on trouve des ruches pleines de miel mais pas d'abeilles", tranche M. Le Dudal. "On ne peut pas douter de l'intoxication" par les pesticides, affirme-t-il.

-Hécatombe-

"Personne ne nous a contredits sur le sujet, la mortalité n'est pas due aux pratiques agricoles", abonde Joël Catherine.

Avant la réunion, les apiculteurs ont dénoncé une "catastrophe écologique".

"L'hécatombe d'une ampleur exceptionnelle dédouane la responsabilité individuelle des apiculteurs, touchés quelles que soient leurs pratiques", relève une motion qui dénonce "les pratiques agricoles irraisonnées de l'agro-chimie, affaiblissant jour après jour les colonies" d'abeilles.

Le texte demande à l'Etat de "dédommager" les apiculteurs et "d'assumer ses responsabilités pour préserver la santé des abeilles".

"On va demander un état des lieux pour qu'il y ait indemnisation; il n'y a pas de raison pour que cela ne se fasse pas", a déclaré le sénateur du Morbihan Joël Labbé, venu soutenir les manifestants.

"Arrêtons d'évaluer" l'effet des pesticides, "arrêtons de gaspiller l'argent dans des études, nous demandons l'arrêt des pesticides", a souligné un autre intervenant.

"Quand Monsanto crèvera, l'abeille ressuscitera", proclamait une banderole. Une centaine de protestataires étaient rassemblés, portant pour nombre d'entre eux leur tenue de protection: combinaisons, vareuses, chapeaux et voiles.

Parti du Faouët (Morbihan) lundi, le convoi était composé de plusieurs véhicules transportant des ruches, entourées de couronnes de fleurs funéraires.

Un cercueil, recouvert d'un tissu vert, transportait un mannequin habillé d'une tenue d'apiculteur.

Des apiculteurs portaient sur le dos des pancartes avec leur propre bilan: 280 colonies morts sur 360, disait l'une.

Un Observatoire des mortalités et des affaiblissements de l'abeille mellifère (OMAA), a été créé en région Bretagne et Pays de la Loire, à titre expérimental, jusqu’au 31 juillet 2019. Il a pour objet, selon le site de l'ESA (Epidémiosurveillance santé animale), de "mieux recenser les événements de santé observés dans les ruchers de la région".

Selon le syndicat, l'interdiction prochaine, décidée la semaine dernière par la Commission européenne, de trois néonicotinoïdes "est une bonne nouvelle" mais reste "très insuffisant". "Ces trois produits étaient déjà soumis à un moratoire en France sur certaines cultures et certains agriculteurs les avaient déjà remplacés par un autre néonicotinoïde qui reste autorisé par l'Europe".

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