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AccorHotels voudrait racheter la part de l'Etat dans Air France-KLM

AccorHotels envisage une "prise de participation minoritaire" au capital d'Air France-KLM, le numéro un européen de l'hôtellerie convoitant la part de 14,3% de l'Etat dans la compagnie franco-néerlandaise en pleine crise sociale, selon les Echos.

Les "réflexions" d'AccorHotels, dans l'idée de "conforter un projet industriel de croissance", en sont à un "stade préliminaire", selon un communiqué publié dimanche soir par le groupe hôtelier.

Trois options sont sur la table, selon Les Echos: un rachat de la totalité de la participation de l'Etat par AccorHotels, un rachat partiel, ou encore un échange de titres, l'Etat recevant des actions AccorHotels en échange de titres Air France-KLM.

Le ministère de l'Economie a indiqué à l'AFP que sa priorité était de retrouver une direction stable à la compagnie, en proie à un conflit social prolongé.

"La priorité, c'est qu'Air France retrouve la stabilité et une direction entreprenante face aux défis" auxquels la compagnie doit faire face. Le conflit social de ces dernières semaines lui a coûté la démission de son PDG et 300 millions d'euros.

Le 20 mai, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait assuré qu'une vente des parts de l'Etat n'était "pas du tout à l'ordre du jour".

"Ce qu'on regardera, c'est le projet industriel", a expliqué Bercy à l'AFP, pour voir si une telle opération "peut être bénéfique ou non au développement d'Air France-KLM".

Les deux groupes ont déjà des partenariats commerciaux et discutent depuis plusieurs années de projets communs dans le numérique.

Ils ont également discuté d'une "plate-forme commune de fidélisation et de services qui permettraient aux clients des deux groupes, leaders mondiaux du voyage, de bénéficier d'une offre enrichie de services autour de la mobilité à travers le monde", détaille le communiqué d'AccorHotels.

Le groupe dirigé par Sébastien Bazin précise qu'une prise de participation minoritaire avait déjà été évoquée lors de ces discussions commerciales. Mais "il n'existe aucune certitude sur le fait que ces initiatives donneront lieu à un quelconque accord ou une quelconque mise en œuvre", conclut le communiqué.

La perspective d'une entrée d'AccorHotels au capital d'Air France-KLM suscitait des réactions tranchées à la Bourse de Paris: l'action Air France-KLM prenait 7% à 7,47 euros tandis qu'AccorHotels reculait de 6,40% à 44,55 euros peu avant 14h00.

A ce niveau, la part de l'Etat vaut environ 458 millions d'euros.

- Analystes partagés -

Les analystes de Bryan Garnier jugent "prématurée" la possibilité d'une telle prise de participation, et "irréaliste" l'idée que l'Etat français puisse posséder des parts d'AccorHotels.

"Alors que nous sommes particulièrement circonspects quant à un accord éventuel (pour une prise de participation), un partenariat pour développer de nouvelles offres ou services, ou pour mélanger les programmes de fidélité pourrait être une bonne idée", ont-ils commenté dans une note lundi.

AirFrance-KLM traverse une passe difficile, en quête d'un nouveau PDG. La compagnie est actuellement dirigée par une présidente par intérim, Anne-Marie Couderc.

Jean-Marc Janaillac a démissionné après le rejet de sa proposition de revalorisation salariale par 55% des salariés.

Juste avant de quitter la tête de l'entreprise à la mi-mai, il avait déclaré avoir "changé d'avis" sur le sujet du rôle de l'Etat actionnaire et avoir constaté "que certains au sein d'Air France sont encore persuadés que c'est l'Etat qui décide".

"J'en suis aussi venu à penser que le fait que l'Etat soit au capital renforce un sentiment d'invulnérabilité de la compagnie", avait-il ajouté. D'autres voix se sont depuis élevées pour réclamer la sortie de l'Etat de la compagnie franco-néerlandaise.

Une prise de participation serait "l'occasion de cimenter un tel partenariat entre les deux groupes", ont souligné de leur côté les analystes du courtier Aurel BGC.

"Pour l'Etat, le scénario ne manque pas d'attraits: il participerait ainsi à la création d'un géant mondial français du voyage et du tourisme, sous la forme d'une alliance", ont-ils ajouté.

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