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Le début des vacances d'été à l'ombre d'une grève dans les aéroports

Annulations et retards: le conflit social dans des aéroports français, en particulier Roissy-Charles-de-Gaulle, va se poursuivre ce week-end et risque d'affecter les grands départs la semaine prochaine, après l'échec de négociations salariales vendredi.

La grève des pompiers du premier aéroport de l'Hexagone (CDG) a déjà contraint les compagnies à annuler un vol sur six jeudi et vendredi entre 7h00 et 14h00. Samedi, cette proportion va monter à un vol sur cinq, a annoncé vendredi soir la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Ces annulations préventives ont été décidées pour des raisons de sécurité, la grève nécessitant la fermeture d'une partie des pistes.

"Le mouvement se poursuit chez les pompiers", qui sont "insatisfaits des propositions de la direction" en matière de grille de salaires, a confirmé à l'AFP Daniel Bertone, le secrétaire général de la CGT du Groupe ADP, le gestionnaire des aéroports de Paris.

Vendredi, les soldats du feu ont été rejoints par d'autres salariés d'ADP et de sous-traitants dans le cadre d'un mouvement intersyndical et interprofessionnel pour les salaires et les conditions de travail, dont le préavis court tout le week-end.

Selon M. Bertone, de nouveaux préavis ont également été déposés pour le week-end prochain, qui marquera le début des vacances scolaires d'été et voit traditionnellement un pic de fréquentation dans les aéroports.

Les négociations de vendredi, qui n'ont pas abouti, portaient sur les salaires au sein du Groupe ADP, contrôlé en majorité par l'Etat.

Selon M. Bertone, les salariés réclament 6% de revalorisation avec effet rétroactif au 1er janvier, pour compenser l'inflation; la direction a proposé 4% au 1er juillet, a-t-il dit.

Relevant un "manque de confiance" vis-à-vis de la direction, le syndicaliste a remarqué que cette hausse ne compensait pas les quelque 5% de baisses acceptées par les salariés dans le cadre de réduction des coûts décidé par ADP pour faire face à la crise du Covid-19 en 2020-2021.

- Passagers philosophes -

La direction n'a pas confirmé les chiffres évoqués par la CGT, se bornant à concéder que "les négociations n'ont pas abouti, mais le dialogue social demeure ouvert".

Les vols annulés vendredi ont représenté 100 mouvements d'aéronefs sur les 1.300 prévus dans la journée. Le trafic à Orly n'a en revanche pas été affecté.

Quelque 300 salariés et sous-traitants grévistes ont manifesté vendredi matin entre les terminaux, bloquant ponctuellement les accès routiers, selon ADP qui pointait aussi "quelques retards" d'avions au départ.

"Depuis la crise du Covid, il y a pas mal de collègues qui ont été licenciés. On se retrouve à faire le travail de trois personnes", a témoigné Anissa Belabbas, régulatrice, salariée du groupe 3s Alyzia et représentante CGT: "on demande une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail. Il nous faut des gens qui connaissent le métier. Sinon on vous demande des cadences plus importantes".

Le calme semblait régner du côté des passagers vendredi.

"Mon vol a été décalé de 2h, ça me fait un décalage de 13 heures à l'aéroport de Nairobi", a expliqué à l'AFP Michel, 42 ans, en refusant de donner son nom de famille.

"C'est la première fois que ça m'arrive mais quand on ne peut pas changer les choses, on prend ça avec philosophie. Et quand on habite en Afrique, on a l'habitude de prendre le temps", a-t-il développé en souriant.

"Une heure ou deux de retard pour un vol de 12 heures, ce n'est pas ça qui change ma vie. J'étais au courant que la journée serait longue", a renchéri Karim Bbahla, un "streamer" de 29 ans en partance pour San Francisco.

À l'appel d'une intersyndicale FO-CGT-CFE-CGC, un préavis de grève a également été déposé de vendredi à lundi à Marseille-Provence, mais sa direction ne prévoyait ni annulation ni retard, des personnels ayant été réquisitionnés par arrêté préfectoral.

Les grévistes dénoncent une détérioration des conditions de travail et des diminutions de primes.

ADP invite les passagers à arriver "trois heures (avant le vol) pour un vol international" et "deux heures pour un vol domestique ou européen".

L'été s'annonce très difficile dans le secteur aérien européen, qui peine à retrouver son efficacité après la pandémie et connaît de nombreux mouvements sociaux.

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