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Vivendi perd le contrôle de Telecom Italia face à Elliott

Le groupe français Vivendi a essuyé un sérieux revers vendredi en perdant le contrôle du conseil d'administration (CA) de Telecom Italia (Tim) au profit de la liste du fonds américain Elliott, un ultime échec dans sa "campagne d'Italie".

Parmi les actionnaires votants, 49,84% se sont prononcés pour la liste du fonds activiste et 47,18% pour le groupe de Vincent Bolloré, principal actionnaire de Tim avec 23,94% du capital.

La liste portée par Elliott détiendra donc dix sièges sur les quinze du CA, et Vivendi cinq.

Interrogé après le vote, le groupe français a indiqué être engagé sur le long terme dans l'opérateur et souligné qu'il veillerait à empêcher son éventuel "démantèlement".

"Nous avons cinq sièges au conseil, nous sommes l'actionnaire principal. Nous continuerons à soutenir la stratégie du (directeur général) Amos Genish, qui a été votée à l'unanimité par le conseil", a déclaré le directeur de la communication de Vivendi, Simon Gillham.

"Nous serons très vigilants sur le fait qu'il n'y ait pas d'autre stratégie, de démantèlement ou autre", a-t-il ajouté.

Interrogé sur une éventuelle baisse de la participation de Vivendu, il a déclaré: "nous sommes un actionnaire à long terme".

Lors de cette AG réunie à Rozzano, en banlieue de Milan (nord), 67,15% du capital était représenté.

Les influentes sociétés de conseil Glass Lewis, ISS et Frontis avaient recommandé de voter pour Elliott, qui détient quelque 9% de Tim.

- Rôle clé de la CDP -

La Caisse italienne des dépôts -entrée en avril au capital dans le cadre de son soutien aux "infrastructures stratégiques nationales" et qui en possède désormais 4,78%- s'est aussi rangée du côté du fonds activiste, une alliance qui peut sembler incongrue vu de l'étranger.

Mais le gouvernement italien a régulièrement condamné l'attitude de Vivendi, et les tensions ont été à plusieurs reprises extrêmement vives entre Rome et le groupe français.

"Vivendi a été un très mauvais actionnaire", avait martelé en avril le ministre du Développement économique Carlo Calenda.

"Je suis favorable aux investissements étrangers, mais cela ne veut pas dire rester inerte quand ils (veulent) détruire la valeur", avait-il dit à l'adresse du groupe français, qui s'est aussi mis à dos de l'autre côté de l'échiquier politique les Berlusconi, en raison d'un contentieux autour de Mediaset.

"Ce n'est pas une victoire conduite par le marché. La CDP contrôlée par le gouvernement a fait la différence en votant pour un fonds, au lieu d'un actionnaire industriel sur le long terme", a déploré M. Gillham.

La plupart des petits actionnaires, Assogestioni, qui regroupe des fonds italiens, et le grand gestionnaire américain Blackrock ont également soutenu Elliott.

Elliott, qui dénonçait la "mauvaise gestion" de Vivendi, a insisté sur le fait que ce n'était pas sa victoire mais celle d'une "liste indépendante". Ceci donne un "puissant signal" sur le fait que "les investisseurs n'accepteront pas une gouvernance en dessous des standards", a-t-il noté.

Entrent au conseil ses dix candidats, des personnalités connues du monde italien des affaires, dont Luigi Gubitosi, administrateur d'Alitalia, et Fulvio Conti, ex-directeur général d'Enel, qui sera le nouveau président de Tim.

- Moins-value énorme -

L'incertitude demeure en revanche sur qui sera directeur général, même si les déclarations de Vivendi laissent entendre que M. Genish pourrait rester en poste.

Elliott, qui avait soutenu l'élection au CA d'Amos Genish, désigné avec 98% des voix le 24 avril, souhaite qu'il poursuive son mandat.

Très apprécié des marchés qui saluent l'amélioration des résultats de Tim ces derniers mois, M. Genish menait la liste remaniée de Vivendi et avait mis son poids dans la balance, en jugeant sa position "intenable" en cas d'échec de Vivendi.

Celui-ci pourrait d'ailleurs signer la fin de la "campagne d'Italie" de Vincent Bolloré, déjà mal en point du fait du conflit avec les Berlusconi.

En raison de la chute de l'action -qui s'est depuis légèrement redressée-, Tim représente une moins-value de quelque 800 millions d'euros pour Vivendi.

Vendre sa participation dans une telle situation semble une gageure tout comme le fait de la garder sans avoir de pouvoir.

Vivendi a déjà dû geler 19,19% de sa participation de 28,8% dans Mediaset, pour respecter la loi sur la pluralité des médias.

Et il doit affronter les Berlusconi devant les tribunaux, avec le risque de devoir verser d'importants dommages et intérêts, pour être revenu sur le rachat du bouquet Mediaset Premium.

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