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Agé de 200 à 250 ans, un olivier touché par la bactérie "tueuse" Xylella fastidiosa abattu à Menton

Dans le fracas d'un bruit de tronçonneuse, un olivier plus que centenaire, un des deux premiers en France touché par la bactérie "tueuse" Xylella fastidiosa, a été abattu mardi sur la Côte d'Azur à Menton, dans le jardin remarquable du Palais de Carnolès.

Deux congénères immédiatement à côté et âgés comme lui de 200 à 250 ans, ont aussi été débités en morceaux par une équipe d'élagueurs et bûcherons, puis envoyés à la benne pour être incinérés d'ici jeudi et être dessouchés dès mercredi, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le feuillage et le branchage des trois arbres ont été immédiatement brûlés.

"On appelle ça le démontage de l'arbre, c'est le protocole", explique à l'AFP Franck Roturier, directeur des parcs et jardins de la ville de Menton. "Un crève-coeur, mais il faut faire attention à ne pas laisser la maladie se propager, on ne pouvait pas attendre un hypothétique traitement et que les insectes aillent contaminer d'autres végétaux".

Le jardin du Palais de Carnolès, issu d'une propriété agrumicole plantée au XVIIe siècle avec une résidence redessinée au siècle suivant pour rappeler les fastes du château de Versailles, sert aujourd'hui d'écrin au musée des Beaux-Arts de la ville. Propriété de la ville depuis 25 ans, le jardin abrite 137 variétés d'agrumes, classés "collection nationale", orangers doux, bigaradiers, citronniers, et un Podocarpus d'une taille gigantesque.

Ces spécimens sont pour l'instant à l'abri de la bactérie, selon M. Roturier : "La souche Pauca de Xylella fastidiosa s'attaque essentiellement à l'olivier, même si elle a d'autres plantes hôtes, mais pas les agrumes".

Plus que d'inquiétude, le directeur des jardins préfère parler de "vigilance" : "Si on voit les mêmes symptômes sur d'autres plantes, immédiatement on demandera des prélèvements. Et les particuliers doivent comprendre que rentrer des végétaux sans contrôle, c'est jouer à la roulette russe".

- Un autre olivier touché à Antibes -

L'arbre malade donnait des symptômes de dessèchement, colorant les feuilles de marron car la bactérie, véhiculée par la sève, l'empêchait de s'alimenter. La bactérie est transmise par des petits insectes, souvent des cycadelles.

Un autre olivier testé positif par les services de l'Etat doit subir le même sort mercredi matin dans une résidence du quartier de la Badine à Antibes, selon la mairie.

C'est la première fois en France que des oliviers ont été officiellement testés positifs à la souche Pauca de la bactérie Xylella fastidiosa, apparue pour la première fois en Italie en 2013, détectée ensuite en France en 2015 et qui touche aussi deux autres pays européens, l'Allemagne et l'Espagne.

La bactérie peut s'attaquer à plus de 200 espèces de végétaux. En avril 2018, des oliviers avaient été testés positifs à la Xylella fastidiosa en Corse par l'Inra sur des prélèvements réalisés par un syndicat interprofessionnel des oléiculteurs, mais ces tests avaient ensuite été contredits par d'autres analyses officielles menées par l'Anses.

Alors que les producteurs d'olive de Corse, très inquiets, ont interpellé les autorités, le président de la chambre départementale d'agriculture des Alpes-Maritimes Michel Dessus a, lui, déploré la hâte avec laquelle les arbres ont été abattus.

"Je ne suis pas sûr que ce soit la solution : le problème ce ne sont pas les oliviers mais les insecte piqueurs suceurs autour. On nous garantit que c'est la souche Pauca mais je n'en suis pas sûr", affirme-t-il. Cet horticulteur de La Gaude, responsable pour Xylella fastidiosa à la Chambre nationale d'agriculture, aurait préféré "plus de réflexion et des analyses complémentaires".

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