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Air France-KLM organise mardi la "transition" après la démission de son PDG

Le PDG démissionnaire d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, doit passer la main mardi au profit d'une "gouvernance de transition", le temps de trouver un successeur dont la mission sera de redresser la compagnie aérienne, minée par un conflit social.

Le conseil d'administration se réunit avant l'assemblée générale des actionnaires, qui débute à 14H30, et "annoncera une solution de gouvernance de transition", a indiqué le groupe, dont le PDG a décidé début mai de jeter l'éponge.

Le départ de M. Janaillac marque le paroxysme d'une crise opposant depuis le début de l'année les syndicats et la direction d'Air France au sujet des revalorisations salariales. L'intersyndicale réclame une hausse de 5,1%, que refuse la direction.

Le PDG avait joué son va-tout en consultant les salariés par référendum sur une proposition prévoyant 2% d'augmentation immédiate, et 5% sur 2019-2021. Et annoncé sa démission quand le non l'avait emporté.

Aucun calendrier n'a été rendu public sur la désignation de son successeur.

Mais l'Etat, actionnaire à 14% de la compagnie franco-néerlandaise, souhaite qu'il "connaisse bien le secteur" et puisse "être à pied d'oeuvre tout de suite", selon le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

Pour lui, "la feuille de route du prochain président est claire: le rétablissement du dialogue social comme priorité absolue, et en deuxième lieu le rétablissement de la compétitivité".

"C'est extrêmement préoccupant", a estimé de son côté la ministre des Transports, Elisabeth Borne. "Le fait que l'accord salarial n'ait pas pu aboutir sur les bases améliorées par la direction montre que, pour des raisons qu'on pourra creuser, il n'y a pas la prise de conscience de la situation d'Air France dans une concurrence mondiale".

- Loin derrière ses concurrentes -

Même si elle est revenue dans le vert en 2015 après sept années de traversée du désert, Air France-KLM reste en effet loin derrière ses concurrentes européennes qui affichent de solides profits.

2018 débute sous de mauvais auspices: le mouvement social lancé le 22 février a déjà affecté les résultats du premier trimestre, avec une perte d'exploitation de 118 millions d'euros dont 178 millions pour la seule Air France.

Durant le mois d'avril, qui a connu 8 jours de grève, le nombre de passagers transportés par Air France a chuté de 8,7% quand celui de KLM progressait de 5,2%.

Et ces effets de la grève pèseront d'autant plus lourd cette année que le prix du pétrole repart à la hausse.

En dépit de l'échec de Jean-Marc Janaillac dans les urnes, l'intersyndicale n'a pas été en mesure de faire valoir ses revendications. Elle a réclamé mardi, dans un courrier à la direction, une reprise des négociations sur les salaires, mais n'a pas appelé à de nouveaux arrêts de travail.

"Le conflit est toujours en cours", écrivait-elle, jugeant que "la balle est maintenant dans le camp de la direction". A ses yeux, le "départ précipité" du PDG est la "conséquence d'un chantage à la démission, (qui) n'a jamais été demandé par les organisations syndicales et ne règle en rien la problématique soulevée".

La direction a rétorqué que "la période qui s'ouvre ne permet pas d'engager une quelconque négociation". Cette position est appuyée par le gouvernement - le Premier ministre Edouard Philippe a reçu Jean-Marc Janaillac vendredi.

Bruno Le Maire a jugé pour sa part les augmentations de salaires "injustifiées" et a appelé personnels navigants, personnels au sol et pilotes "au sens des responsabilités", prévenant que "la survie d'Air France est en jeu".

Signe du malaise qui secoue la compagnie après un scrutin qui a aussi consacré les divisions en interne, des salariés ont constitué un collectif indépendant, baptisé "Tous Air France", pour faire entendre leur voix face à la direction et aux syndicats.

"Le paradigme social et syndical actuel est établi dans le rapport de force permanent" et "aucun des acteurs du dialogue social (...) ne semble proposer d’issue positive aux conflits récurrents", écrit ce collectif, qui regroupe des pilotes, des personnels navigants et au sol.

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