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Amazon parie sur la livraison en 24 heures malgré le "choc" créé en interne

L'investissement consenti par Amazon pour offrir à ses abonnés nord-américains une livraison en 24 heures coûte cher au géant du commerce en ligne, dont les résultats financiers du deuxième trimestre ont déçu.

Mettre en place ce service "a créé un choc dans le système", a admis Brian Olsavsky, directeur financier du groupe, lors d'une conférence avec les analystes jeudi.

"Nous travaillons à le résoudre, et nous allons y travailler pendant plusieurs trimestres. Mais quand la poussière sera retombée nous regagnerons en efficacité", a-t-il précisé.

Le groupe a réalisé un bénéfice net de 2,6 milliards de dollars pour la période d'avril à juin, à peine supérieur aux 2,5 milliards d'il y a un an et inférieur aux attentes du marché.

"La livraison en un jour est désormais disponible pour les abonnés de Prime sur plus de dix millions de produits, et ce n'est qu'un début", s'est félicité Jeff Bezos, patron-fondateur d'Amazon, cité dans un communiqué.

Mais ce service a coûté plus de 800 millions au deuxième trimestre, un peu plus que prévu selon M. Olsavsky. "Nous avons eu des coûts additionnels dans nos entrepôts, et notre expansion rapide nous a coûté en productivité".

Le bénéfice par action d'Amazon est ressorti à 5,22 dollars, très inférieur aux attentes.

- Bientôt Noël -

Le titre a initialement perdu plus de 2% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York, mais il est remonté après la conférence pour les analystes, qui saluent la décision de Jeff Bezos d'investir dans la livraison ultra-rapide.

"C'est un coût à court terme qui sera payant sur le long terme, et qui est nécessaire stratégiquement pour offrir un avantage compétitif aux consommateurs par rapport à la distribution en dur" a ainsi commenté Charlie O’Shea, analyste chez Moody's.

"Les grandes surfaces traditionnelles comme Walmart et Target ont accéléré leurs efforts au niveau de la vente en ligne et elles ont l'avantage de pouvoir offrir la livraison en magasin, pour les consommateurs qui veulent récupérer leurs achats rapidement", a relevé Neil Saunders, directeur de GlobalData Retail.

Selon lui, "Amazon n'a pas vraiment cette possibilité donc il était obligé de répliquer en offrant une livraison plus rapide gratuitement".

Le groupe table sur des ventes comprises entre 66 et 70 milliards de dollars au troisième trimestre (croissance entre 17 et 24%) et un bénéfice opérationnel entre 2,1 et 3,1 milliards, largement inférieur aux 3,7 milliards de la même période en 2018.

Brian Olsavsky a indiqué que cette perspective prenait en compte l'impact de la livraison en 24H, sans donner de chiffre.

Le prochain gros test pour ce service aura lieu en fin d'année, avec les fêtes. "Nous avons confiance dans nos capacités à répondre à la demande saisonnière", a assuré l'un des responsables d'Amazon lors de la conférence.

"C'est un peu tôt pour le dire, mais nous avons eu un très bon test avec le +Prime day+", a-t-il ajouté, en référence à l'opération annuelle de super-soldes, qui a permis à la firme de Seattle d'écouler, sur deux jours en juillet, plus de 175 millions de produits dans 18 pays auprès d'abonnés à son programme de fidélité Prime.

- "Cloud" à la rescousse -

Neil Saunders estime qu'à moyen terme Amazon pourrait réduire ses coûts en automatisant encore davantage ses entrepôts et ses systèmes de livraison, tandis que ses concurrents traditionnels devront eux aussi proposer des services encore plus rapide pour rester dans la course.

"Cela va aussi leur coûter cher mais, contrairement à Amazon, ils n'ont pas de divisions très lucratives pour amortir l'érosion de leur marge, comme le +cloud+", remarque-t-il.

Les ventes totales de la société ont progressé de 20% à 63,4 milliards de dollars, dans la tranche haute de ses propres prévisions, portées notamment par ses activités de "cloud", d'abonnement à son service de livraison et de vidéo Prime, et de publicité en ligne, toutes en hausse de 37% sur un an.

Son service d'informatique dématérialisée AWS a notamment engrangé 8,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires, conformément aux attentes.

La publicité en ligne a dégagé plus de 3 milliards de dollars de revenus, avec une progression qui est un signe de bonne santé même si la croissance semble se stabiliser: sur la même période de 2018, cette branche avait bondi de 132%.

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