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Après les "gilets jaunes", le commerce ploie mais ne rompt point

Plus de peur que de mal pour les commerçants ? Selon une étude publiée mercredi, le mouvement des "gilets jaunes" n'a pas entraîné de défaillances en série ces derniers mois, les entreprises ayant fait le "dos rond" face aux manifestations.

Pas d'hécatombe pour les PME, pas de catastrophe non plus sur le petit commerce: selon le cabinet Altares, le nombre de défaillances d'entreprises a baissé de 3,1% sur un an au deuxième trimestre, atteignant son plus bas niveau depuis 2008.

Un chiffre surprenant, alors que beaucoup ces derniers mois avaient mis en garde contre un effet à retardement des manifestations entamées en novembre sur l'activité des entreprises hexagonales, avec le risque de voir les faillites se multiplier.

"Le premier semestre 2019 s'annonçait (...) compliqué", les manifestations des gilets jaunes ayant "mis à genou des commerçants et artisans déjà fragilisés depuis des mois", rappelle Thierry Millon, directeur des études Altares.

Mais "les entrepreneurs" ont finalement "tenu" bon, ajoute M. Millon, selon qui nombre d'"entrepreneurs", pourtant "situés en centres-villes impactés", "ont pu faire le dos rond, voire amortir le choc d'exploitation et la perte définitive de chiffres d'affaires".

Selon Altarès, 209 procédures de sauvegarde ont ainsi été engagées entre avril et juin, en baisse de 11,8% par rapport à la même période de l'an passé. Les liquidations judiciaires directes ont quant à elles reculé de 4,4% (8.387 procédures), tandis que les redressements judiciaires sont quasiment restés stables (3.751 procédures, +0,3%).

Toutes les catégories d'entreprises, néanmoins, n'ont pas connu la même évolution. Selon Altarès, les PME dans leur ensemble ont connu une tendance "clairement favorable", avec 14,3% de défaillances en moins. En revanche, les "grosses PME" (au moins 100 salariés) ont connu une évolution négative, avec 39 défaillances signalées (+62,5%).

Par secteur d'activité, la tendance est restée favorable dans le commerce (-4,7%), la restauration (-8%) ou la construction (-2,4%). Mais le secteur du transport et de la logistique s'est à nouveau installé "dans le rouge" (+6,4%), tandis que le secteur de l'élevage a connu une évolution préoccupante (+17,2%).

- dispositif d'aides -

L'impact économique du mouvement a-t-il été surévalué ? Ces dernières semaines, plusieurs indicateurs macroéconomiques, dont les chiffres de croissance et d'attractivité, ont montré que les manifestations avaient eu moins d'effet que redouté.

"La crise des gilets jaunes n'a pas eu d'impact sur l'attractivité de la France (...) Je constate que ça a moins d'incidence que ce que j'aurais cru d'ailleurs moi-même", a d'ailleurs reconnu le ministre de l'Economie Bruno Le Maire courant mai.

"Si les effets de ces mouvements ont pu être sévères dans certaines zones et pour certaines entreprises, leur impact global apparaît (...) sans conteste plus faible que son retentissement politique et médiatique", a jugé de son côté l'Insee.

Pour Thierry Millon, "le dispositif d'aides mis en place par les pouvoirs publics à partir de fin novembre 2018" semble avoir également "permis aux +petits+ entrepreneurs" de résister aux effets du mouvement des "gilets jaunes".

Selon la Direction générale des entreprises (DGE), ce dispositif mis en place par Bercy a permis un étalement de plus de 112 millions d'euros d'échéances sociales et de 104 millions de créances fiscales.

Une reprise des défaillances a certes eu lieu fin 2018 et début 2019, "mais elle n'est pas du tout liée aux gilets jaunes", a estimé mercredi le directeur général de la DGE, Thomas Courbe, lors d'une présentation du rapport annuel de son administration.

"Notre dispositif a permis de répondre aux besoins", a ajouté M. Courbe, en assurant que l'effet des manifestations sur le chiffre d'affaires de certains commerces, notamment de centre-ville, avait été significatif.

Ces derniers sont-ils tirés d'affaire ? Pas forcément, selon un récent rapport sénatorial, qui n'a pas écarté une hausse critique du nombre de défaillances durant le second semestre 2019.

"La fin des mesures d'accompagnement va naturellement sonner le rappel des paiements et cotisations en retard et tous n'auront pas récupéré la trésorerie", reconnaît Thierry Millon. Mais selon lui, "les conditions de business s'améliorent".

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