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Après un mois de mobilisation, la grève des douaniers joue les prolongations

Des actions en dents de scie et des négociations qui patinent : un mois après le début du mouvement, la "grève du zèle" des douaniers joue les prolongations, même si les syndicats espèrent une "sortie de crise" dans les prochains jours.

Finies les longues files de camions aux abords du tunnel sous la Manche et les retards en série pour les trains à destination de Londres : depuis fin mars, le trafic a retrouvé un semblant de normalité, notamment sur les Eurostars.

Mais la mobilisation des douaniers, qui ont lancé le 4 mars une "grève du zèle" -- synonyme de contrôles aux frontières plus poussés et donc plus longs -- afin de dénoncer leurs conditions de travail, n'a pas pour autant pris fin.

"La mobilisation est toujours présente", assure à l'AFP Laurent-Théo Joly, trésorier général adjoint FO Douanes, qui évoque des actions "au niveau des directions générales interrégionales". "On tente également d'expliquer au grand public ce qu'est la douane", ajoute-t-il.

La direction des Douanes minimise. "Il n'y a plus de perturbations pour les voyageurs et pour les professionnels, qui étaient impopulaires. Mais la mobilisation a pris d'autres formes", selon Rodolphe Gintz, directeur général des douanes.

Mercredi, près de 150 douaniers ont ainsi pénétré dans le bâtiment de la Direction régionale des douanes à Dunkerque (Nord), après une opération escargot sur l'autoroute A16, pour tenter de rencontrer -- en vain -- leur directeur.

Les agents des douanes réclament depuis un mois une revalorisation de leurs primes de risques, de leurs primes pour les heures de nuit, ainsi que des renforts d'effectifs pour faire face au Brexit, dont l'échéance approche.

Face à cette grogne, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a proposé le 12 mars une enveloppe de 14 millions d'euros pour les 17.000 douaniers, à charge pour les organisations syndicales de s'entendre pour sa répartition. Une proposition rejetée par les syndicats, qui l'ont jugée insuffisante.

- 'Entendre la nouvelle proposition' -

Depuis, plusieurs réunions ont eu lieu entre les syndicats et la direction des douanes, sans qu'un terrain d'entente ne soit trouvé.

"La nouvelle depuis hier soir, c'est que l'on devrait avoir une reprise des négociations à partir de lundi ou mardi", a néanmoins indiqué à l'AFP David-Olivier Caron, secrétaire général de la CFDT-Douanes, premier syndicat de la profession.

"On va continuer à travailler sur la pénibilité avec la revalorisation des heures de nuit, mais aussi la dangerosité, avec peut-être une prime de risque, et puis globalement sur les conditions de travail", a-t-il ajouté.

Vincent Thomazo, secrétaire général UNSA-Douanes a évoqué une nouvelle négociation lundi. "Désormais, on veut entendre la nouvelle proposition. Il y a des bruits comme quoi l'enveloppe serait portée à 20 millions d'euros. Ce serait une bonne base de discussion et pourquoi pas d'accord", a-t-il fait savoir.

Interrogé par l'AFP, Rodolphe Gintz a démenti ce chiffre. "Ça, c'est leur demande, ce n'est pas notre proposition. La nôtre, elle est connue", a-t-il déclaré, en référence à l'enveloppe de 14 millions d'euros. Un point confirmé par Bercy, qui assure que la proposition sur la table reste celle faite le 12 mars.

"Nous sommes réalistes sur nos revendications, particulièrement avec le contexte budgétaire actuel. Entre la première proposition et nos revendications, à chacun désormais de faire un pas en avant", a insisté Laurent-Théo Joly (FO).

A huit jours désormais d'un possible Brexit "dur", David-Olivier Caron (CFDT), inquiet, a appelé à "sortir des questions d'enveloppe". Selon lui, il faut "voir concrètement sur le terrain comment compenser, notamment sur les heures de nuit" et "faire un état des lieux de tous les dysfonctionnements".

Face à cette perspective, 700 recrutements ont été engagés ces derniers mois par la Direction des douanes. Un chiffre jugé insuffisant par les syndicats et que Bercy s'est engagé à faire évoluer si nécessaire.

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