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Argentine: pouvoirs renforcés pour le ministre de l'Économie, à l'heure de négocier avec le FMI

Le président argentin Mauricio Macri a décidé d'étendre les pouvoirs de son ministre de l’Économie Nicolas Dujovne, nommé coordinateur économique du gouvernement et en charge de négocier une aide financière avec le Fonds monétaire international.

Outre l’Économie et les Finances, Nicolas Dujovne, un économiste nommé en janvier 2017, sera chargé de coordonner l'action de neuf ministères, dont ceux des Transports, de la Production, du Travail, de l’Énergie et de l'Intérieur, qui gère en Argentine la relation entre le gouvernement fédéral et des provinces.

Le secteur financier et des changes fait l'objet depuis plus d'un mois d'attaques spéculatives contre le peso. Les marchés critiquaient la dilution des responsabilités économiques au sein du gouvernement, préférant un ministre aux pouvoirs étendus.

"Macri promeut Dujovne pour lui conférer plus d'autorité dans la négociation avec le FMI", salue lundi le quotidien économique argentin El Cronista.

"Une fois l'hémorragie (la crise du peso, NDLR) maîtrisée, le gouvernement s'est senti obligé d'effectuer des changements (...) Il était nécessaire d'avoir un ministre fort en matière d'économie", estime le politologue Sergio Berensztein.

- Plus de cohérence -

"Ce changement est clairement forcé par la crise du peso et la décision d'engager des discussions avec le FMI. En partie, car il est clairement apparu que la situation s'est aggravée par manque de coordination parmi les différents membres de l'équipe économique, spécialement avec la Banque centrale", observe l'économiste Daniel Kerner, de Eurasia Group.

Pour Kerner, "la promotion de Dujovne va aider dans les échanges avec le FMI, pour l'ajustement fiscal, et permettre la mise en oeuvre d'une politique économique plus cohérente".

Dujovne, un économiste de 51 ans sans ambition en politique, conseillait, avant d'entrer au gouvernement, des sénateurs de l'Union civique radicale (UCR, centre), un parti membre de la coalition gouvernementale Cambiemos, arrivée au pouvoir fin 2015.

Le gouvernement n'a fourni aucun commentaire sur la nomination du "coordinateur économique du gouvernement".

Jusque-là, la coordination économique était assurée par les deux vice-chefs du gouvernement Mario Quintana et Gustavo Lopetegui, deux hommes de confiance de M. Macri, désormais en retrait.

Le président Mauricio Macri a assuré la semaine dernière que la crise du peso était terminée et fixé comme priorité la baisse du déficit budgétaire.

"Le problème central est le déficit budgétaire", a-t-il souligné. Nous devons le réduire. Nous ne pouvons pas dépenser plus que ce que nous avons, et dépendre des prêts internationaux pour le financer."

Le déficit budgétaire est passé de 6 à 3,9% du PIB en deux ans de gestion de M. Macri.

La crise de confiance dans le peso argentin a entraîné une dépréciation de la monnaie face au dollar de près de 20% en un mois et demi.

- Tension latente -

Pour stabiliser le peso, la Banque centrale argentine a porté son taux d'intérêt directeur à 40% et injecté en quelques semaines plus de 10 milliards de dollars pour soutenir sa monnaie.

Selon des analystes, la tension sur le marché des changes reste latente car rémunérer un placement à hauteur de 40% n'est pas tenable à moyen terme mais un taux de très court terme fait pour rassurer le marché.

Le président argentin de centre-droit a sollicité l'aide du FMI et le pays sud-américain a entamé le 8 mai des pourparlers avec le Fonds.

Le FMI a lui annoncé jeudi qu'il entendait conclure un accord "rapidement" avec l'Argentine.

Vendredi, la directrice générale du FMI Christine Lagarde a tenté de rassurer les Argentins, en soulignant "que le programme économique de l'Argentine sera entièrement du ressort des autorités argentines" alors que la population manifeste son hostilité à une intervention de l'institution de Washington.

Les Argentins gardent un mauvais souvenir du FMI, qu'ils jugent coresponsable de la politique économique libérale menée par le président Carlos Menem dans les années 1990, menant le pays à une crise économique et sociale, qui a culminé en 2001 avec un défaut de paiement.

Outre la réduction du déficit budgétaire, priorité absolue, le "coordinateur économique du gouvernement" aura pour principal défi de contenir l'inflation (25% en 2017) et de préserver la croissance, qui a atteint 2,8% l'an dernier.

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