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Au citron vert, à la menthe ou aux cèpes: des chocolats corses primés à l'international

Dans un petit village près d'Ajaccio, Josiane et Lionel Colomb-Bereni élaborent artisanalement des chocolats aux saveurs saluées jusqu'à Londres, où un prestigieux concours international a distingué en octobre leur chocolat noir à la menthe fraîche.

C'est au rez-de-chaussée de leur maison à Peri, dans un lotissement de ce village de 2.000 habitants, que Josiane a élaboré dans sa boutique-laboratoire ce chocolat, médaille d'or mondiale à l'International Chocolate Awards de Londres. Le même avait déjà décroché l'or dans la déclinaison française du concours, et son chocolat au basilic une médaille de bronze.

Ces récompenses ont surpris Josiane, petite brune de 59 ans à l’œil rieur que son mari avait inscrite en cachette. "Je pensais que c'était pour des grands noms", note "la première chocolatière de Corse", qui vit aujourd'hui une troisième vie, après avoir été secrétaire commerciale dans l'automobile et crêpière-gaufrière.

A l'approche de Pâques --un des deux temps forts de l'année pour le couple, comme pour toute la profession--, Josiane Colomb-Bereni décore au pinceau un lapin en chocolat. "Dans tout ce que je fais, je mets mon âme, alors cette médaille, c'est la reconnaissance de mon travail et de ma crédibilité. C'est beaucoup d'efforts, de sacrifices", souffle dans sa blouse jaune celle qui a été formée par Thierry Atlan, meilleur ouvrier de France.

Ces efforts payent pourtant peu. Le couple vit avec 1.000 euros net par mois, avec des chocolats vendus 13 euros les 100g quelle que soit la recette --et ils en proposent jusqu'à 110 différentes, aux cèpes, au combava, au poivre, au kumquat ou aux pétales de rose.

"Quand on fait un chocolat au foie gras ou au safran, on ne gagne rien mais chez nous, il n'y a pas de routine, on s'éclate", souligne Lionel, 54 ans, en démoulant de nouveaux lapins. A côté de lui, un tapis roulant recouvert d'orangettes en cours de nappages cliquette dans le laboratoire du couple.

- Des clients du Bhoutan ou de Jaipur -

"Je travaille avec des produits de saison et j'ai besoin d'une grande qualité. Par exemple, je fais du chocolat au brocciu (fromage corse au lait de brebis) mais depuis deux ans, avec la sécheresse, les brebis mangent trop de paille, du coup, je ne le fais pas", explique de son côté Josiane.

Les cèpes? Josiane a été les ramasser "elle-même" dans les sous-bois environnants. Les pétales de rose? "Ma maman me (les) garde". La chocolatière fonctionne aussi avec un réseau d'amis et de petits producteurs qui lui fournissent des produits sans engrais et sans insecticides pour des chocolats sans conservateur qui se gardent six mois.

Quant au chocolat, elle se fournit auprès "d'une trentaine de petits producteurs" qu'elle déniche un peu partout, au Pérou, au Venezuela, à Madagascar, Sao Tomé, en République dominicaine, aidée par une entreprise spécialisée: "Je rencontre les producteurs à Paris ou on m'envoie des échantillons".

Les récompenses récemment reçues ont permis au couple d'exporter ses friandises vers la Russie, l'Allemagne, Londres ou d'autres régions de France. "Nous avons des clients qui sont venus de loin, du Bhoutan, de Jaipur et une chanteuse d'opéra de Saint-Pétersbourg", s'amuse Lionel Colomb-Bereni, grand gaillard passionné de pâtisserie.

Des propositions de partenariats ont également fleuri. "Je suis assez pénible, je ne laisse pas mes chocolats à n'importe qui", souligne Josiane qui refuse de vendre les 800 kg de chocolat produits chaque année sous une autre marque et ne fournit qu'une épicerie à Ajaccio.

Dans la petite boutique, Audrey Giacomoni, 39 ans, fouille parmi les pièces uniques de Pâques. A côté d'elle, Marc-Antoine, 8 ans et demi, confirme à sa manière le verdict des juges du concours international de Londres, en dévorant "la meilleure sucette en chocolat" qu'il ait jamais mangée.

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