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Au Mans, des chômeurs cultivent leur "savoir-être" pour retrouver un emploi

"On ne peut pas gérer un bateau avec deux capitaines!" : munis d'un paquet de chamallows, de quelques spaghettis et d'un rouleau de scotch, des demandeurs d'emplois construisent une pyramide de fortune et testent avec vivacité leur capacité à travailler en équipe.

Dans cette formation proposée par une agence Pôle emploi du Mans, l'idée est en effet de faire le point sur les "savoir-être".

Arriver à l'heure bien sûr, mais aussi être autonome, avoir l'esprit d'équipe, de la rigueur, être "force de proposition", cultiver "sa prise de recul" ou encore sa "réactivité"... Une longue liste bien éloignée des qualifications traditionnelles ou du nombre d'années d'expérience.

Selon une enquête de Pôle emploi, les entreprises sont de plus en plus férues de ces "savoir-être", aussi appelés "soft skills" dans le langage des ressources humaines. Pour 60% des employeurs, ces aptitudes sont "plus importantes que les compétences techniques" que les entreprises peuvent apporter elles-mêmes à ceux et celles qu'elles recrutent.

Il y a quelques mois, l'opérateur public a donc lancé le principe d'une formation entièrement centrée sur ces compétences comportementales. Dans la Sarthe, le dispositif, intitulé "valoriser son image professionnelle", est opérationnel depuis septembre.

Public visé: des chômeurs qui ont des entretiens mais ne concrétisent pas, des ruptures de période d'essai à répétition, des CDD qui s'enchaînent mais sans jamais aller plus loin, explique Denis Bouhier, directeur de l'agence Pôle emploi Le Mans-Ouest.

"Cela leur permet de s'apercevoir qu'ils ont des forces en eux", explique-t-il. A ses côtés, Christine David, bientôt la cinquantaine, pétillante et volontaire, a fait le stage en septembre: une semaine entière en petit groupe, avec les repas pris ensemble, ainsi que quelques modules complémentaires.

Elle le reconnaît sans peine, en levant un peu les yeux au ciel, elle était assez sceptique quand sa conseillère lui a "prescrit" cette "prestation". "J'y suis allée sans grande conviction, mais ça m'a aidée", raconte-t-elle.

Licenciée en juillet, après 12 ans dans la même entreprise, elle ne ménage pas ses efforts pour retrouver un emploi dans le secrétariat. Depuis le stage, qui lui a permis de comprendre qu'elle se "dévalorisait" alors qu'elle avait "des qualités", elle a effectué une mission d'intérim.

- Améliorer la confiance en soi -

Mais certains demandeurs d'emploi sont parfois déroutés quand Anne-Marie Ory, conseillère Pôle emploi au Mans, leur parle de "savoir-être", qui touche à leur personnalité, et de "valoriser leur image professionnelle".

D'après ses statistiques, un tiers des chômeurs passés par cette formation ont retrouvé un travail depuis septembre. "On ne leur propose pas des formations pour les occuper!", insiste Myriam Vérité, de la direction territoriale de Pôle emploi, qui a travaillé au cahier des charges de cette prestation dispensée par l'association "Retravailler".

Le jeu des chamallows et des spaghettis n'est qu'un petit exercice parmi beaucoup d'autres qui rythment cinq jours destinés aussi à redonner confiance aux demandeurs d'emploi. Roxanne, 25 ans, qui a travaillé dans le secteur de la vente, a accepté le stage afin d'améliorer sa "confiance en elle".

Ils font aussi des simulations d'entretiens d'embauche, et rédigent eux-même des annonces d'emploi.

Alors que certains employeurs ont du mal à recruter - d'ailleurs la Sarthe connaît des tensions en la matière -, l'idée est aussi d'être plus ouvert, de pouvoir passer d'un secteur d'activité à un autre.

Ainsi, Anne-Marie Ory donne l'exemple d'un menuisier à qui l'on a proposé de devenir prothésiste dentaire, alors qu'il n'y avait jamais pensé.

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