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Au salon de l'Agriculture, la déambulation tous azimuts d'Emmanuel Macron

Des éleveurs, mais aussi un retraité handicapé en larmes ou un immigré tunisien dont on n'a pas régularisé le permis de conduire: Emmanuel Macron a multiplié les échanges parfois très hétéroclites samedi lors d'un bain de foule géant au Salon de l'agriculture à Paris.

"J'arrive!", "on ne vous lâche pas", "montrez-moi votre feuille" d'assurance retraite: plutôt que de "tâter le cul des vaches", selon la formule de Jacques Chirac, le chef de l’État est allé au contact des nombreux visiteurs à la porte de Versailles, point de passage obligé de tout président français.

Lors de cette déambulation fébrile, suivie tant bien que mal par micros et caméras, M. Macron a rencontré un échantillon de Français parfois très éloigné des préoccupations du monde agricole.

Hormis un dialogue un peu tendu avec un homme l'accusant de ne pas écouter, les échanges ont eu lieu dans une atmosphère plutôt chaleureuse. Figure des "gilets jaunes", Eric Drouet, venu au Salon pour "approcher" le président, n'y est pas parvenu et a rejoint l'acte 15 des manifestations du mouvement dans Paris.

Un homme brandissant à bonne distance un gilet jaune avec l'inscription "oui au RIC" a été éloigné promptement du périmètre présidentiel.

"Ils m'ont dit (les policiers) que soit je restais dans le salon sans gilet jaune, soit je partais. Et si je revenais, j'étais interpellé", a-t-il confié ensuite à l'AFP, s'identifiant comme Jonathan, 32 ans, venu de l'Essonne.

A un journaliste interrogeant M. Macron sur l'accueil, auquel ont contribué quelques militants En Marche particulièrement laudateurs, le chef de l'Etat a répondu: "l'accueil est bienveillant, mais inquiet". Avant de lâcher: "Je sais d'où viens, je viens d'une terre qui est fière de son agriculture. Je suis né à Amiens, je ne suis pas né à Paris!"

L'itinérance agricole commence de manière classique. Après son discours d'ouverture, les "selfies" s'enchaînent. "Bonjour, vous allez bien?", demande systématiquement le président. Il est happé par une femme d'éleveur qui lui dit: "c'est très difficile pour mon mari au quotidien et de recruter dans le milieu agricole, de trouver des jeunes pour la traite". La dame précise que son mari s'excuse de ne pas avoir pu venir parce qu'il devait "s'occuper des vaches". Le président acquiesce: "les gens ne se rendent pas compte, mais on n'a pas de répit dans l'exploitation".

- "Gardez le moral" -

Il est bientôt temps d'aller visiter quelques stands et de s'intéresser de plus près au bétail. Mais en chemin, le président est approché par des visiteurs aux revendications les plus diverses.

Un retraité handicapé lui montre sa feuille d'assurance retraite. M. Macron l'étudie et s'étonne: "mais vous êtes en dessous du minimum vieillesse, parce que vous ne l'avez pas demandé, "gardez le moral; vous avez droit à plus que ce que vous touchez là." Le retraité est de plus en plus ému. Les deux hommes s'embrassent longuement.

Le président enchaîne. Arrive un immigré tunisien, infirmier de profession, qui n'arrive pas à régulariser son permis de conduire. Il pleure. "Continuez à travailler", lui répond le président, qui est ensuite interpellé sur un tout autre sujet: le fait que l'église d'un village ait été "abattue". M. Macron renvoie à la mission sur le patrimoine confiée à Stéphane Bern.

Le président rencontre aussi de jeunes agriculteurs. "Je suis le premier à dénoncer les problèmes. Mais il faut que vous, la jeunesse, soyez dans un état d'esprit positif, sinon on est forcément foutus", leur dit-il.

Un peu plus loin, M. Macron se voit offrir un chevreau, Désiré. "Je l'ai adopté, il va venir à l'Elysée", annonce Macron. L'année dernière, il avait déjà adopté deux poules, Agathe et Marianne, qui vivent aujourd'hui dans les jardins de l'Elysée et "donnent de très bons œufs frais", selon l'entourage présidentiel. Autre cadeau: un fromage fait avec le lait des vaches présentes au salon que le président transmet aussitôt à une attachée de presse, en lui faisant un clin d'œil. Peu après midi, on glisse une planche de saucisson sous le nez du président, visiblement moins affamé que certains de ses prédécesseurs. Puis un plateau de mini-hamburger au Cantal. "Qu'est-ce que t'as mis dedans", demande-t-il, avant d'en avaler une bouchée.

Il faut prendre des forces. La journée s'annonce longue et le président est déjà très en retard sur le programme. "Je resterai le temps qu'il faut", promet-il. L'année dernière, il avait passé douze heures à la Porte de Versailles.

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