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Barrage de Sivens: "consensus" pour une retenue d'eau et études sur les besoins

Un complément d'études sur les besoins en eau dans la vallée du Tescou et le principe d'une retenue sur la rivière ont été décidés lundi par les divers protagonistes de ce dossier marqué il y a près de cinq ans par la mort de Rémi Fraisse et l'abandon du barrage de Sivens (Tarn).

La résolution a été adoptée par consensus lors d'une réunion à Lisle-sur-Tarn de l'Instance de co-construction (ICC) qui réunit 51 personnes - élus locaux, associations environnementalistes et agriculteurs - afin de trouver une solution aux problèmes d'irrigation soulevés par les agriculteurs, dans la vallée du Tescou.

Le site retenu en 2012 pour un barrage avait provoqué une levée de boucliers des environnementalistes, opposés notamment à la destruction d'une zone humide, et conduit à l'occupation du site de Sivens par des zadistes.

En octobre 2014, lors d'une manifestation sur la "zone à défendre" (ZAD), Rémi Fraisse, un jeune militant de 21 ans, avait succombé à l'explosion d'une grenade offensive tirée par un gendarme. Le projet de barrage avait ensuite été abandonné.

La résolution adoptée lundi prévoit d'une part la poursuite d'études sur les besoins en eau, réclamées par les associations environnementalistes et qui seront menées par l'Agence de l'eau dans un délai d'un à deux mois au maximum.

Les besoins en eau présentés jusqu'alors étaient contestés par les associations qui les jugeaient surdimensionnés.

L'ICC a approuvé en outre, toujours par consensus, "le schéma de l'organisation de la ressource en eau" dans cette vallée. Trois axes complémentaires, dont l'un porte sur la création d'une retenue sur le haut-bassin du Tescou, sont listés.

- Décision "historique" -

La retenue, édifiée en amont du site où devait être construit le barrage de Sivens, est prévue pour une capacité "allant jusqu'à 1 million de mètres-cubes disponibles", en fonction de la faisabilité technique et constructible.

"La création de la retenue est actée, on est au-dessus de Sivens, on ne touche pas à cette zone réhabilitée", après l'abandon du barrage contesté par les environnementalistes et des zadistes, a précisé auprès de l'AFP le maire de Salvetat-Belmontet, co-président de l'ICC, Bernard Pezous.

Un deuxième axe porte sur "l'optimisation" d'une autre retenue en amont du Tescou, de 900.000 m3, selon Bernard Pezous.

Enfin, l'ICC a adopté la "mutualisation" des ressources en eau contenues dans des retenues collinaires individuelles. Ces retenues sont au nombre de 220, selon Claude Forgeot, du Collectif Testet. Elles ont été construites par les agriculteurs et financées par l'Etat.

De nombreux acteurs se sont félicités du consensus obtenu lundi.

"On n’était pas sûrs ce matin" de l'obtenir, a commenté après la réunion la maire de Lisle-sur-Tarn, Marylin Lherm, co-présidente de l'ICC. La décision adoptée aujourd'hui, "on la juge historique", a-t-elle dit à un correspondant de l'AFP.

"Je suis très satisfait de l’issue de cette réunion qui était cruciale" et pour laquelle arriver à un consensus "n'était pas gagné", a dit de son côté, Christian Pince, de l'association Lisle environnement.

"On est arrivés à un consensus dans le sens où on n’a pas fermé les solutions tant que l’on n’étudie pas les besoins", a-t-il relevé.

"On est dans l’esprit d’une co-construction", a pour sa part relevé Didier Houlès, vice-président du Conseil départemental du Tarn, en charge de l’agriculture.

"Ce territoire a connu un drame, on est en train de construire une solution dans un climat apaisé et dans la paix", a-t-il ajouté.

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