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Barricadées, Biarritz et sa région se préparent à un G7 sous haute tension

Désertés par les touristes, protégés par plus de 13.000 policiers et gendarmes, Biarritz et le Pays basque se sont transformés en camp retranché pour accueillir ce week-end le sommet du G7, où un grand rassemblement d'opposants fait craindre des violences.

Donald Trump, Angela Merkel ou Boris Johnson seront accueillis avec faste jusqu'à lundi dans la station balnéaire, ancien village de pêcheurs devenu le rendez-vous des têtes couronnées au XIXe siècle, puis aujourd'hui celui des surfeurs.

A une vingtaine de kilomètres, des milliers d'opposants ont déjà entamé leur "contre-sommet" à Hendaye et Irun (Espagne). Ils dénoncent un G7 placé par la France sous le signe de la lutte contre les inégalités - alors que, selon eux, Emmanuel Macron les creuse avec une politique trop libérale. Ils regrettent aussi la "démesure" d'un dispositif de sécurité "ahurissant".

Des ONG réunies au sein de Réseau action climat (RAC) ont déjà annoncé jeudi qu'elles boycotteraient le G7, dénonçant la décision de l'Elysée de "limiter le nombre d’accréditations des ONG" et de "les garder à l’écart du sommet".

La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, venue à Biarritz, a pourtant promis "des engagements concrets sur les enjeux environnementaux" au G7, citant notamment biodiversité, neutralité carbone, finance verte, transport maritime et croisiéristes.

Eprouvées par la crise des "gilets jaunes, les autorités françaises ont mis en place un "dispositif exceptionnel" pour une "vigilance maximale" : robots démineurs, drones, sauveteurs, plongeurs, brigades canines... avec l'appui de l'armée et de la sécurité civile.

"Nous ne tolérerons aucun débordement", a prévenu le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, identifiant "trois menaces majeures" : des débordements lors de manifestations, l'hypothèse terroriste et la menace de cyberattaques.

La France loue aussi sa "coopération exceptionnelle" avec Madrid, qui a mobilisé près de 3.000 forces de l'ordre, sans compter la police de la région autonome basque. La vue de véhicules de la "Guardia Civil" sur les routes côté français fait toutefois grincer des dents certains sympathisants de la cause indépendantiste basque.

Après de longs mois de crise des "gilets jaunes", policiers et gendarmes doivent à nouveau se mobiliser. Leur moral est "excellent", assurent les autorités françaises. Mais pour des syndicats de police qui dénoncent depuis des mois l'épuisement dans les rangs, le G7 vient comme "une cerise sur le gâteau" au goût amer.

- "Répression crescendo"-

Si les organisateurs du "contre-sommet" assurent que leur mouvement s'inscrit dans la non-violence, la grande manifestation prévue samedi d'Hendaye à Irun (Espagne) fait redouter des débordements.

Selon des sources dans les milieux d'ultra-gauche français, le ton n'est pas à la confrontation massive avec les forces de l'ordre, mais plutôt au blocage pour perturber le sommet. "Ce sont peut-être plutôt les (black blocs) étrangers qui vont peser", dit un militant parisien. En France, "la répression crescendo a dissuadé".

Deux ressortissants allemands visés par une interdiction de séjour en France avant la tenue du G7 ont été arrêtés cette semaine et expulsés.

Pour un éventuel traitement judiciaire de fauteurs de troubles, un dispositif spécial a été mis en place sur la Côte basque, avec 17 procureurs et 300 places de gardes à vue.

Baptême du feu pour la police, elle a encadré sans problème jeudi matin une petite manifestation non-autorisée de 200 opposants entre Urrugne et Hendaye.

Selon l'Elysée, Biarritz attend 2.000 journalistes accrédités et 3.000 membres des délégations, soit quelque 25.000 nuités pour les hôtels de la région, qui devraient compenser en partie la fuite des touristes.

La ville sera bouclée à double tour dès jeudi soir : deux zones très strictes ont été délimitées en centre-ville, la rouge et la bleue, et il faudra montrer patte blanche, un casse-tête pour habitants et commerçants.

Pour le maire Michel Veunac (Modem), critiqué par ses administrés pour avoir gâché la saison touristique, il n'était pas question de dire non à Emmanuel Macron, qui a personnellement choisi Biarritz.

"Comment notre ville, qui a historiquement une vocation d'accueil, aurait pu refuser le plus grand évènement de la planète ? ça ne se discute pas !", plaide l'édile.

"Il ne faut pas me faire croire qu'en trois jours, les commerçant vont perdre leur recette de l'année...", a-t-il ajouté, évoquant un mécanisme de compensation en cas de pertes importantes.

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