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Christine Lagarde promet aux eurodéputés une BCE plus accessible

A l'heure de redoubler d'efforts pour soutenir l'économie, la Banque centrale européenne doit clarifier sa politique et la rendre plus accessible aux citoyens, a estimé la future présidente de l'institution, Christine Lagarde, lors de son audition mercredi par le Parlement européen.

"Il faut impérativement dépoussiérer le langage et s'épargner un excès de jargon technocratique pour permettre aux citoyens, aux consommateurs, à des gens qui ne sont pas forcément des experts en politique monétaire de comprendre à quoi sert la BCE", a déclaré la Française, dont le mandat de huit ans à la tête de la BCE doit démarrer le 1er novembre.

Agée de 63 ans, la directrice du Fonds monétaire international (FMI) doit succéder à l'Italien Mario Draghi, qui a marqué l'institut francfortois en forgeant quantité d'outils pour sauvegarder la monnaie unique et stimuler l'inflation dans la zone euro, sans que cette action tous azimuts ne soit toujours limpide pour le grand public.

L'institution a aussi été largement critiquée, en particulier en Allemagne, où nombre d'élus et d'experts jugent qu'elle a outrepassé son mandat en soutenant les finances d'Etats en difficulté, et spolié les épargnants en descendant les taux d'intérêt à leur plancher historique.

- Cap maintenu -

Criblée de questions sur la politique monétaire, Mme Lagarde s'est abstenue de commenter les possibles mesures à prendre pour soutenir l'économie dans la zone euro, qui seront présentées le 12 septembre par Mario Draghi.

Comme elle l'avait écrit dans un document remis jeudi au Parlement, elle a réaffirmé que M. Draghi avait raison de vouloir maintenir un cap monétaire généreux, alors que la BCE échoue depuis des années à atteindre son objectif d'inflation légèrement inférieur à 2%.

Prudemment, elle s'est bornée à estimer que l'institution, à l'instar d'autres grandes banques centrales dans le monde, devra à l'avenir "clarifier le cadre de sa mission", préciser ses objectifs et "mener une analyse coûts-bénéfices" des instruments mis en oeuvre pour parvenir à ses fins.

Est-elle prête à tenir un discours aussi fort que celui par lequel M. Draghi avait affirmé, en 2012, que la BCE ferait "tout ce qui est nécessaire" pour sauvegarder l'euro ? "J'espère vraiment ne jamais avoir à dire quelque chose comme ça", a répondu Mme Lagarde.

- Appel aux Etats -

Car "si je le devais, cela signifierait que les autres décideurs en matière de politique économique ne font pas ce qu'ils doivent faire", a-t-elle ajouté, renvoyant les gouvernements de la zone euro à leurs propres responsabilités.

Pour se protéger des crises, Mme Lagarde a estimé que "des Etats peuvent se servir de marges de manoeuvre budgétaires pour investir dans des infrastructures et lutter contre la récession", un discours porté par M. Draghi depuis des années, sans guère de résultats.

Le rôle de l'euro comme monnaie internationale gagnera, lui, en importance en disposant de "systèmes de paiements efficaces et protégés", de marchés de capitaux européens "bien plus développés" et d'une "meilleure coordination" des politiques fiscales des Etats, a-t-elle aussi plaidé.

A long terme, elle a prôné un "instrument" de financement pour la zone euro, à l'image de ce que sont "les bons du Trésor américain", question très controversée notamment pour les Allemands, hostiles à toute mutualisation de la dette publique.

La BCE va par ailleurs s'occuper plus nettement de l'environnement, par exemple en achetant davantage d'obligations vertes, a promis Mme Lagarde.

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