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BCE: Statu quo monétaire en vue sur fond de crainte de guerre commerciale

La Banque centrale européenne devrait maintenir jeudi le cap adopté en juin d'un resserrement monétaire par étapes, malgré les tensions commerciales qui risquent de peser sur la santé de l'économie mondiale.

Les gardiens de l'euro se réunissent au lendemain de négociations à Washington entre le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le président américain Donald Trump, qui ont désamorcé la crise née des tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis.

MM. Trump et Juncker ont pris une série de décisions dans l'agriculture, l'industrie et l'énergie dont la portée exacte reste à confirmer. M. Trump a parlé d'un "grand jour" pour le libre-échange et a évoqué une "nouvelle phase" dans les relations entre Washington et Bruxelles. "Nous sommes parvenus à un accord aujourd'hui", a déclaré M. Juncker.

Mario Draghi, président de la BCE, devrait s'exprimer jeudi à partir de 12h30 GMT à l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs.

Le banquier italien avait déjà insisté ces derniers mois sur les risques représentés par les salves de mesures protectionnistes croisées entre partenaires commerciaux, d'autant qu'Américains et Européens se sont déjà infligé mesures et contre-mesures.

Une autre sortie de Donald Trump pourrait également le faire réagir, le président américain ayant qualifié vendredi dernier les Européens d'"ennemis", critiquant leur politique monétaire qui revient, selon lui, à manipuler le cours de l'euro au détriment du dollar.

"M. Draghi pourrait avoir des réponses acerbes, car on le sait assez sensible sur les questions d'indépendance des banques centrales et sur les questions de respect des engagements du G20 notamment sur la non-manipulation des devises", indique à l'AFP un observateur de la BCE.

- Pilotage automatique -

Côté politique monétaire, l'institution gardienne de l'euro devrait se mettre pour un moment en "pilotage automatique", estime Dirk Schumacher, économiste chez Natixis.

Il est attendu que M. Draghi délivre un discours optimiste mais prudent sur la conjoncture, sans dévier du retrait programmé des vastes mesures de soutien à l'économie annoncées en juin.

Pour les prochains mois, il s'agira de mener à bien l'abandon d'ici la fin de l'année du gigantesque programme de rachats d'actifs de la BCE, le "QE". Le rythme mensuel de ce programme destiné à soutenir la croissance passera de 30 à 15 milliards d'euros en octobre, avant de s'arrêter fin décembre.

La BCE restera ensuite active sur le marché car elle va renouveler les titres arrivant à échéance. Le stock de quelque 2.500 milliards d'euros sera donc maintenu afin d'éviter un durcissement trop précoce des conditions financières.

Les taux d'intérêt à court terme devraient quant à eux rester à leur plus bas niveau "au moins" tout au long de l'été 2019, une échéance que précisera l'institut monétaire en fonction de la situation économique.

- Peu de munitions -

"Cela signifie qu'il n'y a plus beaucoup de munitions classiques dans l'arsenal de la BCE si un ralentissement se produisait", explique Erik Nielsen, économiste chez Unicredit.

De fait, les incertitudes demeurent et "la discussion sur le caractère durable de la reprise" et sur l'accélération de l'inflation "va se poursuivre" jeudi, prévoit Carsten Brzeski, économiste chez ING Diba.

Le taux d'inflation en zone euro est remonté à 2% en juin, dépassant même l'objectif "inférieur mais proche de 2%" fixé par l'institution. Mais débarrassé de l'énergie et de l'alimentation, il est descendu à 0,9% contre 1,1% le mois précédent, une tendance guère encourageante.

Enfin, il s'agira aussi de savoir si la croissance économique va repartir en zone euro, après un net tassement entre janvier et mars, à +0,4% contre +0,7% au trimestre précédent.

Les derniers indicateurs connus pour le mois de juillet inquiètent d'un côté, avec la légère inflexion de l'activité dans l'industrie et le commerce en zone euro, selon l'indice PMI du cabinet Markit publié mardi.

Mais la très faible baisse de l'indice IFO mesurant le moral des patrons allemands, publiée mercredi, suggère "une croissance saine à venir". Cela "va encourager la BCE à maintenir un ton optimiste", estime Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics.

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