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Biens de consommation, péages: gare à la hausse de prix

Les prix de centaines de produits de consommation vont augmenter sensiblement vendredi, tout comme ceux des péages autoroutiers: des hausses potentiellement explosives alors que le prélèvement à la source grève virtuellement les fiches de paie et que les "gilets jaunes" préparent leur "acte 12" samedi.

Les prix de nombreux produits alimentaires de grande marque vont augmenter vendredi dans les supermarchés, en raison du relèvement à 10% du "seuil de revente à perte" imposé par la récente loi Alimentation. Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a évoqué des hausses de tarif de l'ordre de 4%.

Ce n'est pas tout: les tarifs des péages autoroutiers doivent augmenter de 1,8% à 1,9% au 1er février, conformément aux contrats liant les sociétés qui exploitent le réseau et l'Etat. Un sujet sensible alors que des "gilets jaunes" ont assez régulièrement bloqué des péages autoroutiers pour protester contre leurs tarifs, et plus généralement contre une baisse de leur pouvoir d'achat.

De quoi craindre un nouvel embrasement vendredi, à la caisse des supermarchés? "Certains produits vont augmenter, mais ce n'est pas certain qu'on le voie tant que ça en tant que consommateur", répond à l'AFP Pascale Hebel, directrice du département consommation au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). "Ce n'est pas le prix standard qui est concerné, c'est le fait qu'il y aura moins de promotions".

"Tout le monde n'achète pas de promotions; ceux qui en achètent sont ceux qui sont déjà en mesure de pouvoir stocker des produits, qui ont donc déjà un petit peu de pouvoir d'achat", poursuit-elle, tout en reconnaissant que "la sensibilité aux prix de l'alimentaire est quand même forte".

La spécialiste estime aussi que l'objectif de la loi Alimentation - mieux rémunérer les producteurs issus des filières agricoles et aquacoles - pourrait être mieux perçu par les consommateurs que la taxe carbone par exemple.

- Déminage -

"Le consommateur verra bien, quand l'ensemble de tout ceci sera terminé, dans quelques mois, qu'en réalité c'est une opération positive pour tous", a aussi estimé mercredi le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Creyssel, auprès de l'AFP.

"Mais comment cela va-t-il revenir aux agriculteurs?", a de son côté demandé le président de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, Alain Bazot, sur France 5 mercredi. "Les produits agricoles ne sont pas concernés par l'augmentation des prix", explique-t-il, "ce qui bouge, ce sont les produits industriels pour lesquels il n'y a pas de marge, pour lesquels la matière première agricole d'un agriculteur français, elle n'existe pas".

Chef de file des sénateurs La République en Marche (LREM), François Patriat s'est efforcé de déminer le sujet jeudi matin sur Public Sénat, à la veille de l'acte 12 des "gilets jaunes". A l'en croire, un "comité de suivi va permettre de voir qui joue le jeu. Il y aura un suivi et il y aura le +name and shame+". "Si certains produits de première nécessité ou alimentaires montent un peu, les marges peuvent baisser sur d'autres", a-t-il aussi estimé.

Le gouvernement a par ailleurs déjà lâché du lest en faveur du pouvoir d'achat: une étude de l'Institut des politiques publiques (IPP) publiée mercredi a estimé que les mesures annoncées mi-décembre allaient augmenter le pouvoir d'achat des ménages de 0,8% en 2019 en moyenne. Au plus fort de la crise des "gilets jaunes", le Premier ministre Edouard Philippe avait aussi annoncé que les tarifs du gaz et de l'électricité "n'augmenteraient pas pendant l'hiver".

Quant à savoir si cette hausse des prix ne risque pas de s'ajouter à un trou sur la feuille d'impôt des Français, du fait de l'entrée en vigueur en janvier du prélèvement à la source, Pascale Hebel rappelle qu'"au total, 25% des Français seulement étaient concernés par le prélèvement à la source".

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