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Boeing est en train de boucler les changements exigés au 737 MAX

Boeing est dans la dernière ligne droite pour finaliser les changements exigés afin d'obtenir la levée de l'interdiction de vol frappant le 737 MAX, cloué au sol depuis près de six mois après deux accidents ayant coûté la vie à 346 personnes, selon des sources proches du dossier.

Le constructeur aéronautique a fini de travailler sur le correctif du système anti-décrochage MCAS, mis en cause dans les deux drames, indique une de ces sources sous couvert de l'anonymat.

Boeing continue en revanche d'effectuer les modifications sur le système de contrôle de vol dont une faille avait été décelée fin juin par l'agence fédérale de l'aviation (FAA), a ajouté une autre source.

Ce problème requiert une mise à jour du logiciel du système de contrôle de vol, et non un remplacement de pièces défaillantes, plus long et coûteux, dit encore cette source.

Se refusant à "spéculer", l'avionneur répète que son calendrier prévoit une présentation des changements aux régulateurs lors du mois en cours pour un retour dans le ciel du MAX au quatrième trimestre.

"Notre meilleure estimation reste un retour en service du MAX à partir du début du quatrième trimestre", autrement dit en octobre, a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole.

Lors d'une réunion tenue en août à Seattle (ouest), Boeing n'a toutefois pas été en mesure de répondre aux questions des régulateurs aériens américain, européen et brésilien sur les modifications techniques apportées au système de contrôle de vol.

Le PDG Dennis Muilenburg pourrait fournir des informations plus précises sur le calendrier lors de son intervention prévue à une conférence le 11 septembre prochain en Californie (ouest).

- Dissensions -

Il y a quelques mois, l'avionneur avait déjà soumis ou s'apprêtait à soumettre des correctifs du MCAS à la FAA avant de se voir demander de revoir sa copie ou de fournir des informations supplémentaires.

Il n'est par conséquent pas sûr que Boeing respecte cette fois-ci son propre calendrier, préviennent les sources, d'autant que subsistent des obstacles majeurs.

La structure regroupant les principales autorités de régulation du trafic aérien (JATR), mise en place par la FAA après des critiques sur ses liens étroits avec Boeing, a indiqué le 30 août dernier avoir besoin de beaucoup plus de temps pour finaliser son travail de documentation des modifications apportées sur le 737 MAX.

La formation des pilotes reste en outre une question qui divise, notamment Américains, Européens et Canadiens.

Les Européens exigent une formation sur simulateur, selon une source proche du dossier, tout comme les Canadiens.

"Les équipages du B737 doivent être formées comme il se doit", exige l'EASA, selon des documents présentés à l'Union européenne mardi.

Les Américains, eux, estiment que les pilotes maîtrisant le 737 NG, version précédant le MAX, n'ont besoin que d'une formation sur ordinateur ou iPad.

L'EASA juge en outre pas satisfaisante la solution de Boeing à la défaillance éventuelle des sondes d'incidence ("Angle of attack"- AOA) transmettant les informations au MCAS.

"La réponse aux problèmes de fiabilité des sondes d'incidence AOA n'est pas adéquate", estime le régulateur européen, qui veut par ailleurs procéder à une semaine d'essais en vol du 737 MAX modifié avant de donner son aval.

D'après les premiers éléments de l'enquête du crash de Lion Air, une des deux sondes d'incidence AOA était tombée en panne et bien que défaillante, elle avait continué à transmettre des informations aux calculateurs, notamment au MCAS.

Européens et Chinois (en pleine guerre commerciale avec les Etats-Unis) accepteront-ils par conséquent tels quels les changements apportés par Boeing ?

De nombreux experts en doutent et ne voient eux pas le MAX dans le ciel mondial avant le premier trimestre 2020.

"Nous sommes toujours sur un retour en service au premier trimestre, au mieux", avance Michel Merluzeau, expert chez Air Insight Research.

Alexandre de Juniac, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata), met en garde contre un retour en service à plusieurs vitesses.

"Nous sommes quelque peu inquiets car nous ne voyons pas l'unanimité (...) au sein des régulateurs internationaux", a-t-il déclaré mardi à des journalistes, en marge d'une conférence à Chicago. "Il y a des divergences qui sont néfastes à l'ensemble de l'industrie".

Après avoir accusé un manque à gagner important aux premier et deuxième trimestre, les compagnies aériennes américaines ont déjà pris les devants pour éviter des désagréments lors de la cruciale période des fêtes de fin d'année.

American Airlines et United ont prolongé l'annulation des vols prévus sur le 737 MAX jusqu'au 3 décembre pour le premier et au 19 décembre pour le second.

Southwest Airlines, plus grosse cliente du MAX avec 34 exemplaires en service avant l'immobilisation au sol de cet aéronef, a annulé les siens jusqu'à début janvier 2020. Idem pour Air Canada.

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