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Boeing sous pression après des annulations de vols sur 737 MAX

Un mois après l'immobilisation de la flotte de 737 MAX à la suite de deux tragédies rapprochées, Boeing est confronté à une cascade d'annulations de vols par des compagnies aériennes américaines et à l'ingérence de Donald Trump, qui demande de rebaptiser cet avion.

American Airlines et Southwest sont désormais persuadées que l'immobilisation de cet avion mis en service en mai 2017 va perturber leurs plans de vols durant l'été, période de grands déplacements importante en termes de rentabilité.

La première va annuler tous les vols de 737 MAX jusqu'au 19 août, tandis que la seconde --qui dispose de la flotte la plus importante au monde de ce modèle avec 34 exemplaires-- va supprimer les siens jusqu'au 5 août.

United Airlines, qui exploite des 737 MAX 9, a pour sa part indiqué avoir eu recours jusqu'ici à des "solutions iconoclastes" pour éviter d'annuler beaucoups de vols mais ne pas avoir de choix pour l'été.

"Personne ne sait quand la FAA (le régulateur aérien américain) va examiner (le MAX modifié), donc nous avons décidé d'annuler des vols MAX de notre programme jusqu'à début juillet", a dit un porte-parole par courriel.

Au total, c'est en moyenne plus de 275 vols par jour qui vont être annulés, ce qui devrait avoir un impact sur les revenus et la rentabilité de ces compagnies et pourrait les inciter à augmenter les prix des billets, même si pour American cela ne représente que 1,5% des vols quotidiens et 4% pour Southwest.

American Airlines a déjà prévenu que le revenu total par siège disponible rapporté au nombre de miles parcourus (TRASM), indicateur de la rentabilité très surveillé dans le transport aérien, augmenterait dans le meilleur des cas de 1% au lieu d'une hausse de 2% prévue initialement.

Southwest permet pour l'instant aux voyageurs affectés de réserver un nouveau vol sans frais supplémentaires.

"Ni Airbus ni Boeing n'aiment les annulations parce qu'il y a des contrats fermes", explique Scott Hamilton, expert au cabinet Leeham. "Toutefois, les compagnies acceptent des échanges d'appareils si elles sont forcées d'en arriver là", ajoute-t-il.

Toute la flotte mondiale de 737 MAX est interdite de vol depuis mi-mars en raison de deux accidents à quelques mois d'intervalle: un Boeing 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air s'est abîmé en mer de Java le 29 octobre, faisant 189 morts, et un même exemplaire d'Ethiopian Airlines s'est écrasé le 10 mars, tuant les 157 personnes à bord.

Le système anti-décrochage MCAS a été mis en cause dans les deux cas.

- Retisser le lien de confiance -

"Qu'est-ce que j'y connais en marketing, peut-être rien (mais je suis parvenu à devenir président!), mais si j'étais Boeing, je REPARERAIS le Boeing 737 MAX, j'ajouterais de nouvelles super caractéristiques, et je donnerais une NOUVELLE IMAGE à l'avion avec un nouveau nom", a tweeté M. Trump tôt lundi matin.

"Trump ne sait pas de quoi il parle. Boeing ne va pas rebaptiser le 737 MAX", tranche M. Hamilton, faisant remarquer que plus de 4.600 exemplaires de cet avion, locomotive des ventes de Boeing, avaient déjà été commandés et que les annulations de vols annoncées n'auraient pas un impact "important" sur les bénéfices.

C'est aussi l'avis de Richard Aboulafia, expert chez Teal Group, qui fait valoir qu'il est "prudent d'ignorer toute déclaration du président Trump sur l'aviation".

Boeing est en train de finaliser les changements du logiciel MCAS, qu'il a promis de soumettre aux régulateurs dans les "prochaines semaines" afin d'obtenir une levée de l'interdiction de vol du 737 MAX.

"Nous nous concentrons sur les tests et la mise en oeuvre de la mise à jour du logiciel et sur le fait de retisser le lien de confiance avec nos clients, les pilotes et les passagers", a indiqué lundi un porte-parole.

"Nous savons que nous avons une grande responsabilité vis-à-vis de toute personne qui vole dans nos avions et nous allons nous assurer que le MAX est l'un des avions les plus sûrs à jamais voler", a-t-il ajouté.

De nombreux experts tablent pour la plupart sur une autorisation de vol du 737 MAX modifié vers fin août.

En attendant, le secteur essaie de regagner la confiance du grand public.

Pour Boeing, qui a déjà cessé les livraisons du 737 MAX et en a réduit la production, une accumulation de retards pourrait alourdir encore un peu plus l'ardoise des indemnisations des compagnies aériennes, avertit Scott Hamilton.

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