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Brésil: La justice accepte la procédure de sauvegarde d'Odebrecht

Un tribunal de Sao Paulo a annoncé mardi avoir accepté le déclenchement d'une procédure de sauvegarde demandé par le conglomérat brésilien Odebrecht, au coeur d'un scandale de corruption continental, pour éviter la faillite.

Le conglomérat fait face à des dettes colossales de 98,5 milliards de réais (25,2 milliards de dollars), dont 84 milliards de réais seront l'objet de discussions de restructuration, a indiqué la compagnie.

La procédure de sauvegarde demandée la veille par le conglomérat est la plus importante de l'histoire du Brésil, devant celle concédée en 2016 à l'entreprise téléphonique Oi (64 milliards de réais).

La procédure de sauvegarde permet à une entreprise surendettée, mais qui n'est pas en cessation de paiements, de maintenir son activité comme les emplois et de disposer de six mois pour régler les litiges avec ses créanciers, pendant qu'elle subit une réorganisation.

"C'est une procédure pour éviter la faillite", a expliqué à l'AFP l'avocat spécialisé Daniel Amaral, au sujet de la démarche de l'ancien fleuron de l'économie brésilienne. Dans la pratique, la renégociation avec les créanciers peut s'étendre sur 12 à 18 mois, selon l'avocat.

Outre ODB, la procédure concerne une vingtaine d'entreprises du conglomérat mais exclut certaines compagnies, tels le groupe de construction OEC (Odebrecht Engenharia y Construçao) et le groupe pétrochimique Braskem.

Parmi les grands créanciers d'Odebrecht figurent les banques publiques Banco Nacional de Desarrollo (BNDES), Banco do Brasil et Caixa Económica Federal ainsi que des fonds étrangers détenteurs de créances.

La demande de procédure de sauvegarde a été précipitée par la suspension de la vente de la participation du groupe dans Braskem -- société pétrochimique commune formée avec Petrobras-- à la néerlandaise LyondellBasell, et par le dépôt, fin mai, d'une demande de sauvegarde de la filiale d'Odebrecht Atvos, 2e producteur d'éthanol au Brésil.

Odebrecht, actuellement dans un processus de ventes d'actifs pour limiter son endettement, s'est ainsi retrouvée dans une situation encore plus précaire face à ses créanciers.

- "Lavage express" -

Créée en 1944, l'entreprise de construction civile Odebrecht SA est devenue un immense conglomérat familial, secoué depuis 2014 par un gigantesque scandale de pots-de-vin, révélé par l'enquête brésilienne de "Lavage express" et qui a touché une dizaine de pays d'Amérique latine et deux en Afrique.

Au Brésil, le groupe Odebrecht a truqué les juteux marchés de sous-traitance du géant pétrolier public Petrobras, le plus grand scandale de corruption de l'histoire du pays.

Des dizaines d'hommes politiques ont été éclaboussés, y compris l'ancien président Michel Temer (2016-2018) et l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), actuellement en prison pour corruption et blanchiment.

En juillet, Odebrecht avait accepté de verser près de 700 millions de dollars à l'Etat brésilien, dans le cadre d'un accord portant au total sur 2,6 milliards de dollars que le groupe s'était engagé à payer aux Etats-Unis, à la Suisse et au Brésil.

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