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Brésil : près du barrage, des maisons englouties par la boue

"Il y avait la maison d'Adelia là-bas. Et ici celle de Nilza, la vendeuse de canne à sucre, a été engloutie aussi", dit Rosilene Aganetti en montrant de la main l'immense fleuve de boue qui a coupé en deux la route, après la rupture du barrage de Brumadinho.

"Il y avait des gens ici, des maisons. Je suis tellement abattue par cette tragédie", ajoute cette habitante de 57 ans interrogée par l'AFP dans la bourgade d'Alberto Flores.

Sur plus de 150 mètres de large s'étend un fleuve noirâtre de boue, qui par endroit dévale la pente comme le font les rapides. Des hélicoptères des pompiers, qui n'ont pas cessé leur ballet funèbre dans la nuit, tournoient dans le ciel, au-dessus de la campagne de terre ocre et de végétation luxuriante.

"J'ai plusieurs amis qui étaient dans le restaurant de Vale (l'entreprise responsable du barrage) qui ont disparu", ajoute-t-elle, réprimant des sanglots. Beaucoup d'employés du groupe s'y trouvaient à l'heure du déjeuner et sont portés disparus.

"Avant j'habitais au pied du barrage, c'est là que j'ai élevé mes filles", dit cette femme dont le mari a travaillé des années pour le groupe encore mis en cause pour une tragédie dans l'Etat du Minas Gerais, dans le sud-est du Brésil.

- "Personne ne fait rien" -

C'est son mari que recherche de son côté Suely de Olivera Costa. "Je suis totalement désespérée", hurle-t-elle alors que des hommes de la sécurité de Vale l’empêchent d’aller jusqu’au site.

"Comment voulez-vous que je sois calme s'il est déjà mort?", s'écrie-t-elle quand l'un d'eux lui demande de "se calmer".

"Vale a détruit Mariana et maintenant ils ont détruit Brumadinho et personne ne fait rien. Quelle sera la prochaine ville?", demande cette femme.

La rupture d'un barrage cogéré par le groupe minier à Mariana, à quelque 120 km de là, avait fin 2015 tué 19 personnes et entraîné le plus grave désastre écologique au Brésil.

Le bilan humain de la tragédie de Brumadinho risque d'être bien plus lourd, alors que plus de 350 personnes étaient portées disparues samedi, au lendemain de la catastrophe, outre le décès confirmé de 9 autres.

William Guilherme Silva, un employé du ferroviaire de 21 ans, n'a depuis vendredi plus de nouvelles de "six ou sept connaissances, dont quelques personnes très proches", qu'il connaît "depuis l’enfance".

Lui aussi désigne Vale comme le coupable. "Le barrage a arrêté de fonctionner en 2015 et il est resté sans maintenance", accuse-t-il. "Ils n'ont rien fait et il s’est rompu".

À Alberto Flores, la force des torrents de débris de minerais et de terre a déterré un pylône électrique, immergeant à demi une voiture dans un profond fossé.

Près de 200 habitants sont là quand vient la remorqueuse et contemplent en silence le spectacle désolant de ce faubourg barré par une immense cicatrice de terre noire.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a survolé la zone en hélicoptère dans la matinée mais ne s'est pas exprimé sur place, se contentant d'un message sur Twitter dans lequel il affirme qu'il "est difficile de contempler ce paysage sans s'émouvoir".

Le ciel, dégagé en début de journée samedi, se couvrait de nuages menaçants laissant redouter des pluies qui pourraient compliquer encore plus la tache des secouristes.

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