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Brésil: une croissance trimestrielle bienvenue pour Bolsonaro

Le Brésil a enregistré une hausse meilleure qu'attendue de son PIB au troisième trimestre, avec une croissance de 0,6%, une nouvelle bienvenue pour le gouvernement ultra-libéral de Jair Bolsonaro qui souhaite mener d'importantes réformes.

Si la croissance trimestrielle de la première économie d'Amérique latine est encourageante, elle devra être confirmée et reste encore trop timide pour écarter le risque, en tout cas aux yeux du gouvernement, de contagion au Brésil des protestations souvent violentes qui secouent l'Amérique latine.

La croissance trimestrielle a été supérieure à l'attente de 35 instituts d'analystes consultés par le quotidien économique Valor, qui escomptaient en moyenne une progression de 0,4% du PIB sur le trimestre de juillet à septembre par rapport au trimestre précédent.

"Il est certain que nous sommes sur le bon chemin", s'est félicité le président Jair Bolsonaro sur Twitter.

Après un résultat étal au premier trimestre (0,0%), le PIB brésilien avait enregistré une hausse de 0,5% au deuxième trimestre, selon les chiffres officiels révisés et annoncés également mardi.

L'expansion économique a touché au troisième trimestre tous les secteurs à l'exception des dépenses des administrations publiques (-0,4%) dans un pays dont les caisses sont vides et qui est soumis à un rigoureux programme d'ajustements budgétaires.

Le secteur agricole a crû de 1,3%, l'industrie de 0,8% et les services de 0,4% pendant le trimestre. La consommation des ménages, stimulée par plusieurs mesures dont la baisse des taux d'intérêt, a été l'un des moteurs de la croissance, avec une hausse de 0,8%.

Pour l'ensemble de l'année 2019, le gouvernement de Jair Bolsonaro et les analystes ne prévoient pas de miracle, avec une croissance d'environ 1% -- après 1,1% en 2017 et 1,3% (chiffre révisé) en 2018 -- un taux trop faible pour inverser la courbe du chômage qui touche 12,4 millions de Brésiliens, avec son corollaire de précarité et de violence.

Mais la reprise au Brésil devrait commencer à se confirmer l'an prochain: le marché a récemment relevé légèrement sa prévision de croissance pour 2020, de 2% à 2,2%, sous l'effet de divers signaux encourageants.

Après "la bonne surprise du PIB du 3e trimestre, les prévisions pour 2019 et 2020 devraient être révisées à la hausse", a déclaré à l'AFP Pedro Paulo Silveira, économiste en chef de Nova Futura Investments.

- "signaux d'optimisme" -

"Il y a encore peu l'économie était stagnante, et un 2% signifierait un certain dynamisme", a déclaré à l'AFP Mauro Rochlin, professeur d'économie de la Fondatión Getulio Vargas (FGV) de Rio de Janeiro, évoquant quelques "signaux d'optimisme".

La Banque centrale a abaissé le mois dernier son taux directeur à 5%, un plancher historiquement bas. Elle a laissé la porte ouverte à une nouvelle baisse lors de sa réunion du 11 décembre, à condition que continue "la persévérance dans les réformes nécessaires", après l'approbation en octobre de la réforme des retraites.

Mais la vague actuelle de protestations de rue dans des pays tels le Chili ou la Colombie pousse à une grande prudence le gouvernement d'extrême droite, qui a la hantise d'une contagion à l'immense pays de 210 millions d'habitants.

Le ministre de l'Economie Paulo Guedes a ainsi reconnu dimanche dernier dans une interview au quotidien O Globo que Brasilia allait ralentir le rythme prévu des futures réformes en raison du "timing politique" actuel.

"On était en chemin et tout à coup survient la confusion en Amérique latine", a-t-il déclaré, "on ne veut pas fournir une excuse pour que les gens provoquent un désastre dans les rues".

L'examen au Congrès de la réforme de l'administration, qui prévoit notamment de lourds dégraissages et requiert pas moins de trois amendements constitutionnels, a été repoussé à 2020, à la demande du président Jair Bolsonaro.

Les analystes font également valoir que les réformes risquent d'être difficiles à faire approuver en raison des divisions entre alliés dans le clan de Jair Bolsonaro, qui vient de quitter le parti avec lequel il a conquis le pouvoir, le PSL, pour fonder sa propre formation, l'Alliance pour le Brésil.

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