Accueil Actu

Budget italien: à Bruxelles, le dialogue plutôt que le clash

La Commission européenne a prôné mardi un dialogue "sans préjugés" avec l'Italie, bien que la coalition populiste au pouvoir lui ait soumis lundi un budget bien en dehors des clous pour 2019.

"Evidemment, les finances publiques italiennes nous causent beaucoup de soucis, mais nous n'avons pas de préjugés", a assuré mardi le président de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker dans une interview à plusieurs télévisions et radios italiennes.

"Nous allons avoir un débat vertueux avec nos amis italiens, qui savent que leur niveau de dette publique est trop élevé et que le projet de budget ne respecte pas en entièreté les recommandations du Conseil des ministres, du Conseil européen", a-t-il ajouté.

"C'est exactement ce dont nous avons besoin aujourd'hui: un dialogue respectueux entre la Commission et l'Italie", a abondé, un peu plus tard, le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Les Etats membres de la zone euro avaient jusqu'à lundi pour remettre leurs projets de budget à la Commission, chargée ensuite de les évaluer.

Les autorités européennes se sont déjà montré critiques envers les chiffres rendus publics par l'Italie au début du mois, notamment parce que le déficit public devrait atteindre l'an prochain 2,4% du produit intérieur brut (PIB), un chiffre bien plus élevé que l'objectif de 0,8% promis par le précédent gouvernement de centre gauche.

Le budget italien inquiète d'autant plus la zone euro que la dette de Rome (131% du PIB) affiche après la Grèce le ratio d'endettement le plus élevé parmi les 19 pays ayant adopté la monnaie unique.

"La Commission a déjà estimé qu'à première vue, il semble y avoir un écart significatif (...) par rapport aux règles budgétaires de l'UE et a demandé au gouvernement italien de procéder aux ajustements nécessaires", a rappelé mardi le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis.

Selon les règles européennes, la Commission européenne a jusqu'au 22 octobre pour engager des consultations avec Rome en "cas de non respect grave" des règles et deux semaines pour adopter un avis.

- "Un café" pour Juncker -

Si son opinion est négative, l'exécutif européen peut demander à l'Italie de lui présenter un projet de budget révisé, dès que possible et, en tout état de cause, dans les trois semaines suivant la date de son avis.

"Si nous acceptions tout ce que le gouvernement italien nous propose, nous aurions des contre-réactions virulentes dans d'autres pays de la zone euro", a d'ores et déjà prévenu M. Juncker, soulignant l'"écart entre ce qui fut promis et ce qui est présenté aujourd'hui".

"Dans certains pays, cela aurait pour conséquence de nous couvrir d'injures et d'invectives, parce que ma Commission et moi-même, nous sommes accusés par plusieurs gouvernements en Europe (...) d'avoir été trop flexibles pour ce qui est de l'Italie", a-t-il insisté.

Le budget italien pourrait faire l'objet de discussions informelles entre les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE à l'occasion d'un sommet européen jeudi à Bruxelles.

A Rome, le président du Conseil, Giuseppe Conte, a rappelé mardi devant les sénateurs que l'appartenance de l'Italie à l'UE était "incontournable", mais que la voie à suivre n'était pas celle de l'austérité.

Il s'est dit "fier" de son budget et a souligné que Rome engagerait un dialogue "sans préjugés" avec l'UE.

Son vice-Premier ministre, également patron de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, s'est lui fait plus acerbe: "Le budget a été voté, que Juncker se fasse une raison et se boive un café", a-t-il lancé lors d'une visite dans une école de police à Spolète (centre).

"Une Italie qui croît est dans l'intérêt de tous, sauf peut-être de Juncker et de quelques autres", a-t-il ajouté.

L'autre vice-Premier ministre, Luigi Di Maio, patron du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), a assuré que le gouvernement "ir(ait) de l'avant avec les mesures demandées par le peuple". "Que Juncker continue à se révolter"!, a-t-il lancé.

A la Bourse de Milan, la valeur phare, le FTSE Mib, a fini en nette hausse (+2,23%).

Le spread, l'écart très surveillé entre les taux à dix ans allemand et italien, est lui repassé sous la barre symbolique des 300 points, témoignant d'un certain relâchement.

À lire aussi

Sélectionné pour vous